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32                         ESSAI HISTORIQUE

la papauté, ne pouvant plus désormais compter sur l'Empire, il
fallait chercher ailleurs pour Home et la papauté une alliée forte
et dévouée, assez proche pour les "défendre à temps contre leurs
ennemis, assez éloignée pour ne pas les froisser par le. contact
de sa puissance. La situation politique de l'Europe ne per-
mettait point d'hésitation sur le choix de cette alliée. Depuis
trois siècles, se formait par la victoire, de l'autre côté des Alpes,,
la monarchie des Frank». Ceux-ci étaient dans cette première vi-
gueur de la jeunesse qui opère les grandes choses, et, à l'époque
dont il s'agit, ils étaient parvenus, sous le fils de Pépin d'Ile—
ristal au comble de la gloire. Les vastes régions qui s'étendent,
 des Pyrénées à l'Oder reconnaissaient leurs lois. C'était donc à
 la nation francke que devait s'adresser la papauté. Cette nation
 était d'ailleurs catholique zélée, et tout dans son caractère garan-
 tissait un dévouement généreux. Aussi est-ce sur la nation
 francke que Grégoire III jeta les yeux (1).
   Ce fut en l'année 741 que le légat, chargé de solliciter l'al-
liance des Francks avec Rome, arriva auprès de Charles-Martel. 11
manifesta au héros austrasien les intentions du souverain pon-
tife, lui dit que le peuple romain, abandonnant le parti de l'em-
pereur, avait, recours à la généreuse puissance du prince frank
pour la délivrer de la tyrannie des Lombards, et lui offrit le Con-
sulat, dignité à laquelle semblait attaché l'honneur du protectorat
de Rome. Cette offre était accompagnée des clefs du Saint-Sé-
pulere, des liens de Saint-Pierre et de présents magnifiques (2),
   Si attrayante que dut paraître, aux yeux de Charles-Martel,
une proposition de cette importance, nous ne voyons point
qu'elle ait eu des suites immédiates. Une ambassade honorifique
et un retour de présents répondirent seuls pour lors aux avances
de Grégoire III (3). Probablement, la lutte terrible que le prince


   (1) Fredegarii scholasl. conlin. ad ami 741. — Annales mclenses. — Voir
Oeimi, Monmnenla dominaiinnis Ponti/kiœ, in-4°, Rome. 2 vol., t. I, p. 2 cl
suiv., el la Ucllri; du Grégoire Ht, dans lt; même nulrur, p. ii).
   (2) Fredegarii schol. conlin, loc. cil.
   (5) Egiiiiird, Annales, éd., in-12 ; Cologne, loGi. p. 47.—l'redeyari sclud.