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                   REVUE CRITIQUE DES LIVRES NOUVEAUX                              397

 deux éléments nouveaux : l'influence italienne et celle de l'érudition. Celle-ci aussi
 nous arrivait de la Péninsule. Lorsque nos rudes aïeux franchirent les Alpes, à la
 suite de Charles VIII, leurs idées durent se trouver singulièrement déroutées au
contact de cette civilisation raffinée. Ils rapportèrent chez eux les modes et le parler
de l'Italie. A leur suite, la troupe des humanistes fit irruption dans notre pays.
   Dans le vaste tableau qu'il a peint, Burckhardt envisage la Renaissance sous tous
ses aspects. Il étudie en six parties successives l'Etat considéré au point de vue du
 mécanisme, le développement de l'individu, la résurrection de l'antiquité, la
découverte du monde et de l'homme, la sociabilité et les fêtes, les mœurs et la
religion. La place consacrée à l'examen des arts plastiques aurait cependant pu
être plus considérable.
   Au point de vue de l'exactitude des faits cités, je ne me permettrai guère de
faire des restrictions que pour ce qui concerne l'Eglise romaine. L'impartialité en
histoire est un mythe. Burckhardt, que ses préférences inclinent vers les réforma-
teurs, ne s'appuie en général que sur les écrivains hostiles à la papauté. Il tonne
contre les désordres trop réels d'une partie du clergé de ces temps troublés. Mais
il parle à peine du Concile de Trente et de l'influence immense que devait avoir
cette illustre assemblée sur la régénération de l'Eglise. J'aimerais à voir éplucher
toute cette partie de son histoire par un abbé Gorini.
   Ces réserves faites, je rends pleinement hommage à ce grand et intéressant
travail et, en même temps toutes grâces dues au traducteur qui s'est donné la
peine de le faire passer dans notre langue.



FRANÇOIS MIRON et l'administration municipale de Paris sous Henri IV, de
  1604 a 1606, par A. MIRON DE L'ESPINAY. — Paris. Librairie Pion. 1885. —
  Un vol. in-8°. Prix : 7 fr. 50.

   L'auteur de cet ouvrage s'est donné la tâche de faire revivre la mémoire d'un
illustre homme de bien du xvi= siècle. François Miron, d'abord lieutenant civil,
puis prévôt des marchands, sut, en demeurant fort bon catholique, conserver une
fidélité inébranlable au roi légitime. Aussi jouit-il d'un grand crédit auprès de
Henri IV, auquel il rendit d'éclatants services. En lisant le récit de son adminis-
tration, le lecteur apprend à connaître les rouages de l'administration municipale
de la ville de Paris, pendant les premières années du xvn e siècle. Cette étude est
pleine d'aperçus intéressants. Il est curieux, par exemple, de voir comment on se
comporta pendant une épidémie qui ravagea la ville en 1596.
    M. Miron de l'Espinay a fait preuve de réelles qualités d'historien. Les juge-
ments qu'il porte sur les événements qui signalèrent la fin du xvie siècle sont
empreints de sagesse et de modération. Il voit juste en ce qui concerne la Ligue,
 le protestantisme, le procès des Jésuites, etc. Ecrite de cette façon, l'histoire est Ã