page suivante »
388 LA REVUE LYONNAISE Et voilà les hauts faits qu'on veut que je révère ! Raison, vertus d'un jour ! fragiles comme un verre! Voilà ces grands esprits, Solons industrieux, Titans qui se flattaient d'escalader les deux ! Pour un qui prend son vol et chante comme un ange, Mille autres vont ramper coassant dans la fange, Trop dignes petits-fils des singes et des chiens, Leurs aïeux, disent-ils ! j'y consens, non les miens ! O Dieu ! dont malgré tout je suis encor l'ouvrage, Dieu qui m'avez pour vous créé sur votre imvge ; Qui, tout-puissant, à moi chétif avez permis De vous nommer : « Mon Père, » et d'être votre fils ; Vous qui par tendre amour, par bonté singulière, Sur ma lèvre avez mis cette douce prière; Voyez, mes vœux, hélas! sont vains ; jadis béni, Aujourd'hui parmi nous votre nom est honni. Au mépris de vos lois régnent sur notre vie L'avarice et l'orgueil, et la haine et l'envie; Et les Vertus des deux se voilant de douleur Entendent ces mortels outrager leur Seigneur. Eh bien ! mon âme aussi, dans la lutte brisée, Mon âme, de dégoût, de tristesse épuisée, Dieu bon, gémit vers vous, implore le repos, La fin de ses chagrins, la fin de ses travaux; Lasse de s'agiter dans la boue et l'ornière, Elle a soif de justice, elle a soif de lumière; Captive, elle frémit de briser ses liens, D'aspirer un autre air, de goûter les vrais biens. Ah ! prenez-en pitié ! par des routes nouvelles Vers un monde meilleur guidez ses faibles ailes, Et, de l'heureux départ lui donnant le signal, Délivrez-la, mon Dieu, délivrez-la du mal, TRLSTIS.