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384                    LA REVUE LYONNAISE

      Et le froid et le chaud, et le vent et la pluie,
      Combats entre tyrans qu'il faut que l'on essuie.
      0 monde monotone ! O trop court horizon !
      Que Pascal à bon droit vous nommait sa prison !


         Mais quoi ! dans tes dégoûts pauvre âme impatiente,
      L'homme au moins, l'homme avec sa nature ondoyante,
      Ses généreux instincts, ses arts ingénieux,
      Et cet esprit puissant qui mesure les deux,
      L'homme, seul en lui-même, ou pris en multitude,
      Devant toi n'est-il pas un vaste champ d'étude,
      Un spectacle toujours nouveau, toujours profond,
      Que le sage jamais n'a scruté jusqu'au fond?


         L'homme, hélas ! Mais vraiment dans toute la nature
      Jamais plus triste objet, plus vaine créature,
      Jouet plus malheureux des vents ou du hasard
      A-t-ilpu d'Heraclite affliger le regard?
      Et tout d'abord, cet être insolent et superbe,
      Qui prétend, cèdre allier au-dessus du brin d'herbe,
      Régenter l'univers, y trôner comme un roi,
      Bête lui-même, astreint à la commune loi,
      Chaque jour, à l'orgueil quelle atteinte funeste !
      Sans faute, il doit dormir, manger, boire... et le reste!
      Oui, chaque jour, si haut qu'il enfle ses esprits,
      Piteusement il faut, la vie est à ce prix,
      Quand il serait Crésus, Socrate, Auguste, Homère,
      Redescendre aunivean de l'animal son frère;
      Et, tant qu'il est mortel, sans jamais se lasser,
       Ce soir, demain, toujours, sansfinrecommencer;
      Et cette âme, qui fait si follement la fiere,
      D'un misérable corps misérable infirmière,
       Trop lâche pour souffrir, lui prodigue ses soins,
      Et pourvoit humblement à ses humbles besoins !