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LA 374 REVUE LYONNAISE dait, en consacrait les revenus, s'élevant, chaque année, en temps de paix, à 4,000 florins, à entretenir Szigeth, forteresse extrêmement importante pour la sécurité de l'Autriche, car elle était située sur une frontière sans cesse menacée par les Turcs. L'archiduc Ferdi- nand de Styrie et le chapitre d'Agram eurent beau faire des repré- sentations à l'empereur, Lang obtint l'abbaye. Ce que l'on avait redouté arriva : les revenus cessèrent d'être employés à la défense du pays. Tous les avantages temporels et l'espérance d'arriver aux plus hautes dignités de l'Église ne purent longtemps retenir le second fils de Lang dans l'état ecclésiastique. Les mauvais exemples de son père l'en détournèrent. Il fut alors envoyé à l'Université d'Ingolstadt, et il n'y avait pas étudié plus de six mois quand son père lui fit donner une charge de juge au Tribunal d'appel de Bohême. On ignore ce qu'il devint plus tard, non plus que son frère aîné. En embrassant le catholicisme, Lang avait conservé le principal instinct de sa race : l'amour de l'argent. Pratiquant habilement l'usure, il avait soin de remettre à ses emprunteurs moins de capital que n'en portaient les billets qu'il leur faisait souscrire, et il exigeait d'eux un intérêt bien supérieur au taux légal, qui s'élevait alors à 6 %• Son meilleur agent pour ces sortes d'affaires était un de ses cousins, le libraire Isaac. Lang s'était bien gardé de rompre avec ses anciens coreligionnaires. Les liens qu'il avait conservés avec eux n'étaient cependant pas assez forts pour jamais lui faire négliger ses intérêts. Un jour, par l'intermédiaire d'un juif, il avait prêté une forte somme à un autre juif nommé Zrini. Le débiteur devint insol- vable. Lang ne pouvait se résigner à perdre une créance ; il posa aux principaux juifs de Prague l'alternative entre cautionner la dette ou être expulsés de la ville : ils cautionnèrent. Les juifs ne perdirent pas à ce marché. Lang ne tarda pas à les indemniser, sans qu'il lui en coûtât rien. Ils avaient, en effet, formé 'le projet de fonder, au sein de la chrétienté, une vaste confédération. Ils se rendirent pour cela à Francfort-sur-le-Mein en 1603, rédigèrent un nouveau code juif et créèrent un trésor central. Ils se propo- saient de se soustraire peu à peu à toute juridiction chrétienne, et