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322 LA REVUE LYONNAISE On conçoit aussi très aisément que certains esprits se laissent passionner par ces luttes, dont les résultats palpables leur semblent seuls dignes d'envie, au point de se déclarer sourds à toute spé- culation, aussitôt qu'elle revêt un caractère hypothétique. La tour- nure de ces esprits, leur passion, les conduit à l'indifférence en matière métaphysique, comme en matière'religieuse. Ce sont des producteurs fort utiles à l'humanité, grands accumulateurs de maté- riaux qui serviront à l'édifice général. Nous admirons en eux la per- sévérance, l'amour du travail, la vigueur intellectuelle, souvent le génie créateur. Nous saluons avec joie les résultats surprenants qu'ils proclament et dont nous profitons. Ils sont peut-être légion, ces chercheurs que nous décorons à bien juste titre du nom de savants. Mais, confinés de parti-pris dans les spécialités bien définies où rayonne leur activité, ils ne prennent part à aucune des luttes intel- lectuelles intéressant d'autres sujets. Leurs opinions philosophiques, métaphysiques, sont inconnues, quelquefois à peine développées. Elles sont, d'ailleurs, sans aucune influence sur les contemporains. 11 serait donc difficile de dire si ces opinions sont ou ne sont pas modifiées par leurs études. Ce sont les indifférents; mais qui pourrait affirmer que ces indifférents soient plus nombreux dans ce domaine que dans les autres carrières de l'activité humaine? Mais, parmi le petit nombre de savants qui ont abordé les spécula- tions scientifiques avec un esprit philosophique porté en même temps vers les recherches métaphysiques, l'histoire de tous les âges, et, peut-être, plus que toute autre, l'histoire contemporaine, nous four- nit très peu d'exemples d'hommes de génie qui ne soient arrivés aux plus hautes conceptions de la cause créatrice de l'univers, c'est-à -dire de Dieu, et qui ne l'aient affirmée avec netteté. Les grandes hypothèses se succèdent, c'est-à -dire se détruisent chaque jour, en se rectifiant ou en se remplaçant, lorsqu'il s'agit de coordonner ou de synthétiser les grands phénomènes qui régissent la matière animée de mouvement qui constitue notre monde. Mais, à la limite extrême des conceptions et des généralisations, il y a tou- jours cet immense point d'interrogation : « Pareils effets peuvent-ils