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QUELQUES LYONNAIS 303 Toujours prêt, lorsqu'il falloit combattre pour la bonne cause, M. Nolhac ne laissa échapper aucune occasion de mettre au service de la vérité sa profonde érudition et la droiture de son esprit. Déjà , en 1828 et 1829, il avoit réfuté dans deux brochures les enseigne- ments erronnés de M. Cousin; (1) plus tard il aborda un adversaire plus redoutable, l'illustre Joseph de Maistre. Tout en rendant justice aux éclatants services rendus par cet écrivain à la religion, tout en admirant la lucidité avec laquelle il rend familières les plus hautes spéculations de la métaphysique, le style incisif, la verve et la logique inflexible qui lui servent à terrasser les incrédules, son âme bonne et indulgente parce qu'elle étoit sans tache ne put admettre certaines théories. La peine de mort et l'effusion du sang, réhabilités comme moyens de civilisation, le bourreau présenté comme la fatale clef de voûte de la société révoltèrent cette âme évangélique qui vouloit le triomphe de ses doctrines par la charité et la persuasion. Sous le titre de Soirées de Rothaval, par opposition aux Soirées de Saint-Péters- bourg, et dans un opuscule intitulé : Réflexions sur la punition des grands crimes, considérée dans ses rapports avec la morale (1836), il a émis des idées contradictoires mais toujours généreuses et noblement expri- mées. Il est un livre, qui en quelques pages renferme toute la synthèse de l'humanité, un livre que Fontenelle proclamoit le plus parfait de tous, traduit dans toutes les langues, le guide de toutes les âmes pieuses, le consolateur des affligés, Y Imitation de Jésus-Christ. Quel est son auteur? On l'ignore. Sublime incertitude, et tandis que l'or- gueil humain étale fastueusement ses. titres à la célébrité, celui qui ouvre le trésor de toute vérité ne prend nul soin d'attacher son nom a u n e oeuvre immortelle. Au fait, qu'importe son nom? c'est un chrétien, un frère en Jésus-Christ; étonnant résultat du catholicisme qui seul peut absorber l'individualité dans la grande famille de ceux qui croient et espèrent. Néanmoins une tradition respectable, les (1) Réflexions sur la philosophie de M. Cousin, par un Élève des écoles de Paris, — Paris, Gauthier, 1828.