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LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON 259 mots A E T . XXIIII (24 ans) qui figurent sur le portrait du poète mis en tête des Pescheries, lesquelles furent publiées à Lyon en 1598, (1) et ensuite avec les données certaines du Livre-Raison. On a vu que, lorsque la maison d'Achille Gamon fut brûlée par les protestants, le 5 septembre 1574, J e a n n e Massabeuf, sa femme, était enceinte et prête d'accoucher. On a vu aussi qu'Achille était à ce moment absent d'Annonay, et ne put y rentrer qu'au mois de fé- vrier 1576, ce qui reporterait à la fin de 1576 ou à 1577 la naissance de Christophle, si l'on n'admettait pas qu'il fût l'enfant que portait Jeanne Massabeuf, en septembre 1574. (2) Christophle fut très probablement le dernier né d'Achille Gamon et de Jeanne Massabeuf. Notons ici que le Livre-Raison, qui men- tionne les mariages de Blanche et de Mondon, ainsi que l'éducation de Christophle, ne porte pas le mariage de Théodore, qui eut lieu en 1596, sans doute parce qu'à cette époque l'âge ou la maladie avait fait perdre à Achille l'habitude de tout inscrire sur son Livre- Raison. Les notes paternelles nous apprennent que Christophle, après avoir fait ses études à Nimes, fut envoyé à Montpellier à la practique des finances. Ce mot désigne un emploi à la Cour des aides ou au Bureau des finances, ou encore à la ferme si importante de l'Equivalent. Christophle était donc destiné à devenir uu fonction- naire de l'Etat. Nous ignorons s'il fut donné suite à cette idée. Dans tous les cas, notre poète cultiva les Muses fort jeune, et il y a même lieu de croire que les Pescheries ne furent pas son premier péché de jeunesse. Il résulte, en effet, d'une note du Voyage en vers du conventionnel Gamon, note communiquée par M. Chomel, que Christophle avait publié précédemment, (3) chez Thibaud Ancelin, (1) Ce même portrait, avec les mots A E T. XXIIII, se retrouve dans le Jardinet de poésie paru en 1600, et de là , sans doute, l'erreur de ceux qui, ne connaissant pas les Pescheries^ font naître Christophle en 1576. (2) Les anciens registres protestants d'Annonay, où l'on aurait peut-être trouvé la date précise de la naissance de Christophle et où du Solier avait relevé celle de la mort d'Achille, ont péri dans l'incendie de 1870. (3) M. Henri Deydier parle aussi de cet opuscule comme ayant paru à Lyon à la fin de 1597. Les manuscrits laissés par M. Deydier, sous le titre de Noblesse