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                       LA   REVUF
214                                 - LYOXKAISE

Ltait-il nécessaire de vous le dire? Le nom peut changer quelquefois,
mais le paysage ne change jamais. Vous l'avez vu vingt fois déjà, et
toujours admiré. Ce qui ne change pas non plus, c'est le talent du
peintre, dont les qualités maîtresses d'exécution s'affirment chaque
année.
    Le manque d'air et de vie, qui est le seul défaut de M. Lortet,
pouvait être reproché, et la critique ne le lui a pas épargné, à ce
pauvre PONTHUS-CINIER, que nous conduisions, il y a deux mois à
peine, au lendemain de l'ouverture du Salon, à sa dernière demeure.
Ponthus-Cinier avait obtenu, au grand Concours de paysage de 1861,
le second grand prix de Rome ; et, depuis le séjour qu'il fit, à cette
époque, en Italie, quelque sujet qu'il reproduisît, il ne le voyait plus
qu'à travers le prisme de ses souvenirs, baigné des chaudes couleurs
de la campagne romaine. De là cette monotonie de facture et ce parti-
 pi is de lumière qui ont marqué toutes ses œuvres, jusqu'à ses Roches
de Tibère à Capri (490), le dernier envoi fait par lui à cette Société
 des Amis des Arts, dont il fut toujours l'hôte assidu et choyé. Il
 serait injuste, malgré ses défauts, de ne pas reconnaître en Ponthus-
 Cinier de sérieuses et solides qualités, qui assureront à sa mémoire,
 en même temps que ses nombreux bienfaits, uq touchant et respec-
 tueux souvenir.
   La Prairie de M. Louis GUY (308) est consciencieumcnt peinte, et
attrayante par le calme et l'apaisement de la tonalité générale. Sous
les rameaux invraisemblablement étalés de ses chênes, un groupe
gracieux est installé. La clairière de gauche est bien fraîche et bien
éclairée, mais elle a le défaut, plusieurs fois déjà signalé chez
M. Guy, de faire un petit tableau dans le grand. Et puis, pourquoi
le peintre brosse-t-il ses rochers et ses chèvres avec une uniformité
de tons, qui, même au premier plan, rend la confusion possible?
   M. Louis CARKAND expose deux petites toiles, toujours aussi sin-
gulières de procédé, et aussi puissantes d'effet, un Intérieur d'atelier
(130), merveilleux d'éclairage, et une Marine (131), dont on entend,
à une certaine distance, mugir les vagues sombres. Très curieux
aussi le tableau de M"° Anna BRUYAS, les Iles dans tes prairies (115).
Le premier plan surtout, une mare sur laquelle surnagent des feuilles