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LE SALON DE 1885 ili de sentiment, je nie permettrai de regretter que la mer de sa grande toile des Environs de Gênes (17), si merveilleusement éclairée jusque dans ses profondeurs par les éclats du soleil couchant, soit gâtée par l'incompréhensible fouillis de colonnes et de verdure qui la borde sur la droite. Il y a là une erreur de dessin et de ton dont il ne faut rendre responsable que la trop grande facilité du peintre. M. Gustave ALLEMAND justifie par son talent le hasard alphabé- tique qui l'a placé, dans le catalogue, tout près de M. Appian; et la diversité des impressions que l'un et l'autre cherchent dans la nature rend ce rapprochement sans danger pour tous les deux. Tandis que M. Appian se plaît aux rivages ensoleillés de la Méditerranée, M. Allemand recherche les sites sombres et mélancoliques, et nul mieux que lui ne sait rendre les teintes discrètes et fondues de l'au- tomne. Son Soir d'orage à Mérieu (8) est d'un effet saisissant. L'automne d'ailleurs me semble être la saison favorite des peintres, comme des poètes; et, sans parler de M. SAIXT-CYR GIRIEK, qui n'aura évidemment plus qu'à briser ses pinceaux, le jour où cette saison ne viendra plus dorer les bouleaux, c'est à elle que la plupart de nos artistes demandent leurs impressions. (1) M. BEAUVERIE lui doit un ravissant petit sous-bois, Novembre (5 3), d'une grande délicatesse de tons; et M. Auguste BALOUZET, une grandiose et sévère étude, Octobre à Optevoz (43). Nous sommes au bord d'une mare entourée de joncs, derrière laquelle s'étend (1) Je demanderais bien à M. Girier quelle espèce de bouleaux il a peints dans l'Automne à Marlieux (281), pour que leurs feuilles rougissent et bleuissent, au lieu de jaunir'; et comment des arbres aussi dépouillés peuvent projeter sur le sol des ombres aussi intenses ; mais je craindrais que ma question ne fût indiscrète. M. Girier est en face du, public comme Mahomet en face de la montagne ; mais il est beaucoup plus tenace que Mahomet; et le public aura beau lui crier que les bouleaux jaunissent, il n'en continuera pas moins à lui servir des bouleaux rouges. Après tout, M. Girier a peut-être raison ; mais, si je le reconnais, je vais être obligé de dire à M. Ernest ROMAN qu'il a raison lui aussi de faire des ânes bleus et des chiens roses, [Promenade à âne (535), — Bois Je pins à Royan, (53<|),1 et cette concession me serait particulièrement dure.