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I96                        LA REVUE LYONNAISE

             L'ingrat se cache, et, pendant tout ce train,
             Dans un impasse, il courtise, il caresse,
             Le doux objet d'un amour libertin...
             C'était Diane, une aimable épagneule,
             Malgré son nom, point prude et point bégueule,
             ... Lubin, près d'elle, oubliait son bon maître :
             Avec Lubin, Diane oubliait tout...

   Enfin, il va à l'Opéra, suivant sa belle. Il se perd dans les couloirs.
Il pleure, il jappe, il hurle. On le saisit, on va le mettre en prison,
— la prison des chiens! on sait ce que cela veut dire!... — quand
une sensible dame,
             A l'Opéra faisant métier d'ouvrir
             Et de fermer,

le retire du filet fatal, le console, le prend chez elle, le soigne, le
caresse et lui ferait oublier son maître, si l'amour ne venait à la
traverse des félicités de Lubin, sous la forme d'un ci-devant abbé,
qui fait la cour à dame Orouse. L'amant offre un ravissant carlin à
sa maîtresse, et le pauvre caniche délaissé devient la proie et le
martyr des gamins de la rue, lorsque, par un hazard heureux, il est
rendu à son maître, dont la douleur ne se calmait point.
             Plein de regrets et plein de souvenirs,
             ... Partout Lubin manquait à ses plaisirs.
             Il ne voit plus les transports de Lubin,
             Qui va, revient, bondit et se déploie;
             Il n'entend plus, hélas! ses cris de joie,
             Et seul, il va promener son chagrin.

   Enfin il recouvre son Lubin.
                          ... Grâce aux soins d'un ami,
             Le courrier prend Lubin dans sa brouette,
             Et le voilà chez Jeannot rétabli !
  C o m m e n t exprimer leur bonheur à tous ? se demande le poète en
finissant.
                      J'en dirais trop, si vousêtes sans âme,
                      Et pas assez si vous avez un cœur.
  On a vu plus haut comment, un jour, Lubin trahit son maître.