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30 LA REVUE LYONNAISE Après la guerre civile, le Vivarais eut à supporter toutes les horreurs de la famine et de la peste. La faim décima les populations en 1585 et l'épidémie acheva son œuvre en 1586. On calcule que les trois quarts des habitants périrent à Annonay, Thorrenc et dans la plupart des paroisses situées entre Andance et Tournon. La ville de Tournon fut presque abandonnée. Il y mourut quinze cents habitants et cinq cents pauvres étrangers. Les provinces voisines ne furent pas mieux traitées ; les historiens évaluent aux deux tiers de la population le chiffre des victimes que fit le double fléau dans le Dauphiné, le Lyonnais, le Forez et le Vivarais. * ** Christophle grandit en entendant les récits de toutes ces catas- trophes, et ses écrits montrent l'impression profonde qu'ils avaient faite sur lui. L'influence de l'éducation paternelle est, d'autre part, facile à deviner par le caractère d'Achile Gamon qui ressort, d'une manière fort nette, non seulement du Mémoire sur les guerres civiles, mais aussi de la lettre d'envoi des Franchises d'Annonay à la munici- palité de cette ville en 1568e! enfin de son Livre de Raison que pos- sède la bibliothèque d'Annonay. Bien qu'Achille Gamon ait plus ou moins adhéré au protestan- tisme, sa conduite et ses œuvres montrent qu'il était loin d'approuver les excès de son parti. Il était avec les catholiques sur le terrain de l'obéissance au Roi, mais il voulait aussi la liberté de conscience pour tous. Il était en avance sur son siècle, puisque bien des passages de ses écrits respirent l'idée moderne d'une large tolérance religieuse, que ne comprenaient alors ni les catholiques ni les protestants. Sa lettre d'envoi des Franchises d'Annonay suffirait à révéler le caractère modéré de ses sentiments politiques. On y voit combien il goûtait peu les énergumènes que rien ne peut satisfaire et qui alors, comme aujourd'hui, compromettaient les résultats obtenus par la poursuite de buts chimériques ou prématurés. En employant