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 i8                     LA REVUE LYONNAISE

   Le Sennius Metilius de notre inscription était de la cité des Tré-
vires, dont la ville chef-lieu, Augusta Treverorum, était,, comme Lyon,
une colonie, mais peut-être seulement de droit latin, et de toutes
les cités de la Gaule celle bien certainement qui entretenait avec
Lyon le plus de relations commerciales. On rencontre des Trévires
à Lyon notamment dans la riche corporation des négociants mar-
chands de vins en gros, qui avaient leurs entrepôts aux Canàbae,
aujourd'hui le Bourg-Chanin, et dans celle à peine moins riche des
bateliers de la Saône. A Bordeaux pareillement, ce sont les Trévires
qui apparaissent le plus fréquemment sur les inscriptions où sont
mentionnés des étrangers. 'Le commerce se faisait entre Lyon et
Trêves par la Saône, qu'unissait à la Moselle un trajet de terre non
très considérable, que l'on avait, un instant, songé à remplacer par
un canal. Un commencement d'exécution eut même lieu sous
Néron. La jalousie d'un gouverneur de la Belgique fit abandonner
cette utile entreprise, dont un des généraux des armées de Ger-
manie avait eu l'idée. Entre Trêves et Bordeaux le commerce se
faisait par le Rhin et l'Océan. Les fins tissus de lin, les épaisses
étoffes de laine, les sayons gaulois à longs poils, les salaisons fumées
et autres articles du nord de la Belgique s'échangeaient contre les
généreux vins de la vallée du Rhône et des coteaux de l'Aquitaine
méridionale.
    Senniusétait membre d'une corporation qui s'intitulait: splendidissi-
 fnum corpus (negotiatorum) Cisalpinorum et Transalpinorum : « lasplen-
 « didissime corporation des négociants Cisalpins et Transalpins; »
 et il en faisait partie comme négociant lui-même et comme préfet,
praefectus, c'est-à-dire directeur en chef.
    Voilà, certes, une corporation dont le champ d'action n'était pas
 taillé à l'étroit : tout le pays situé par rapport à l'Italie en deçà et
 au-delà des Alpes! Et où s'arrêtaient les limites d'un tel tènement?
 Le pays Cisalpin pouvait s'étendre du sommet des monts jusqu'aux
 confins de l'ancienne Gaule Cisalpine : les bouches du Pô, du côté de
l'Adriatique, le petit fleuve Macra, du côté du Sinus Ligusticus, au-
jourd'hui le golfe de Gènes. Le pays Transalpin pouvait comprendre
la Gaule avec l'Helvétie, toute la Rhétie, la partie ouest du Norique.