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12 LA REVUE LYONNAISE Frères Augustins, furent employées à la réfection d'une pile située près de la tour du Pont de la Guillotière ( i ) . Espérons que ces précieux monuments n'ont pas été trop maltraités. Mais il y a une autre mine, d'une richesse peut-être incomparable, qu'il convient d'explorer au plus tôt. L'histoire de sa formation a été exposée, avec une clarté merveilleuse, par notre excellent con- frère, M. Guigue; je la résumerai brièvement. A la fin du xne siècle et au commencement du xiue, les travaux exécutés par les Frères Pontifes dans le lit du Rhône, en vue de la construction du grand Pont de la Guillotière, eurent pour résultat la production dans le courant du fleuve, en aval de ce pont, vers Sainte-Hélène, d'un remous considérable (refluxus quemfecit Rodanus sub ponte inferius versus sanctam Helenam), remous qui mit en péril quelques terres ou îlots appartenant à l'Église d'Ainay. Les religieux se plaignirent, et,en 1226, les Frères prirent l'engagement de redresser et d'atténuer le cours de l'eau, en protégeant par des pilotis et par des digues les parcelles menacées : Refluxum ita debent removere vel retardare liguaminibus (ou lignaminibus), sive lapidibus velaliis modis, quod alveus Rodani tanquam rectus defluat et terram vel possessiones Atha- nacensisEcclesia ibi adjacentes rumpere vel destruere occasione illius refluxus nullatenus possit (2). Les Frères Pontifes se conformèrent à leur obligation. Ils enfon- cèrent, sur les rives des terres exposées à l'action du remous, de nombreux pilotis en chêne, armés de sabots en fer, et ils amonce- lèrent, en forme de digue, de gros blocs de pierre pris parmi ceux qu'ils avaient rassemblés pour la construction du pont. Pendant plusieurs siècles, aucun changement notable ne se pro- duisit dans le lit du fleuve. Sur un plan dressé vers 1550, les îles situées sur la rive droite, en face de Sainte-Hélène, sont encore très apparentes. Mais, plus tard, des travaux exécutés sur la rive (1) M. Guigue, Recherches sur Notre-Dame de Lyon, 1876, p. 71. (2) Charte du Cartulaire d'Ainay, publiée par M. Guigue, dans YOUtuarium Lugdunensis Ecctesia, 1867, p. 199, et reproduite, avec la variante indiquée ci- dessus, dans les Recherches sur Notre-Dame de Lyon, 1876, p. 14.