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                LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                     393




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                                        Samedi, 25 mai 1839.



    Mon cher ami, mon bon frère, comment peux-tu expli-
quer cela, que nous ayons si fort besoin de nous écrire
pour nous donner mutuellement du courage, et que cepen-
dant nous soyons toujours en retard! Est-ce se traiter en
frères qui s'aiment, qui s'intéressent vivement aux affaires
l'un de l'autre, que de rester si longtemps en silence ?
Lorsque je songe qu'il y a deux mois que je ne t'ai écrit,
je suis à la fois honteux et triste, car si tu en crois les appa-
rences, tu vas t'imaginer que je ne t'aime pas, et moi-
même, en outre de cette crainte, je souffre de ce silence,
parce qu'il en résulte que tu ne m'écris pas non plus, et
que depuis un mois je n'ai pas reçu de lettre de toi, c'est
moi, mon ami, qui suis en retard, et je t'en demande
pardon. Quoique rien ne m'excuse complètement, je puis
pourtant t'expliquer comment cela se fait, quoique je ne
cesse de penser à toi. Tu sais que j'ai horriblement à faire
si je veux me maintenir à l'Ecole, ou du moins, dans le
cas où je serais placé cette année, pour avoir une place
un peu passable. La tâche est si grande, que quoique nous
devions toujours espérer et rester courageux, il y a quel-
quefois des moments de faiblesse, de mauvaise humeur, et
dans ces moments-là je ne puis pas m'entretenir avec moi-
même, il m'est bien difficile à plus forte raison de t'écrire ;
et cependant, je crois que si je m'y mettais, le plaisir de
cette douce expansion me calmerait ;.peut-être après avoir