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3Ê0             LES AGENCES MATRIMONIALES

   Ai-je besoin de rappeler ici que le savant physiologiste
fixe, — de nos jours, — à vingt pour cent seulement le
chiffre des unions exemptes de regrets amers.

   Ainsi posée, la question, — toujours palpitante, — de
l'union idéale des êtres explique suffisamment la perplexité
grande du philosophe auquel est dû cet axiome : le mariage
est un acte si important que ce n'est pas trop d'y réfléchir
toute sa vie !

  Cette perplexité, — je me hâte de le dire, — n'est pas
goûtée du plus grand nombre : où en serions-nous si cette
hésitation prudente était la loi générale ?
   On se lasse de tout, les réflexions les plus sages trouvent,
— avec le temps,— des contre-parties victorieuses. Un beau
matin ou un beau soir, — l'heure ne fait rien à la chose
— le célibataire le plus endurci, qu'il appartienne au sexe
fort ou au sexe faible, se décide à courir les chances d'une
loterie gigantesque auprès de laquelle les combinaisons
subtiles du Crédit Foncier,— quatre tirages par an ! — sont
d'une enfantine simplicité.
   S'il a des parents, des amis, c'est à eux qu'incombe le
soin — oh ! combien délicat ! — de lui choisir un numéro.
A défaut d'amis et de parents, l'Agence matrimoniale
s'offre à lui sous les traits d'une Providence prête à faire
connaître à tous et à toutes, les doléances de son cœur
sans emploi.

   Les sujets à marier y sont classés avec ordre et méthode,
soigneusement étiquetés et numérotés. Telle agence est en
mesure d'offrir des assortiments plus considérables et plus
variés que telle autre, on y trouve un plus grand choix
d'unions « en première » ou d'unions avec tares.