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2SO JOSEPH CHINARD, SCULPTEUR est une colonne à laquelle est fixée une chaîne. La colombe représentant l'Innocence ayant brisé sa chaîne s'élève le long du corps de la Justice pour parvenir à son cœur. Les pieds de la Justice écrasent un serpent qui représente l'Envie. Les draperies ont une grande légèreté. Sur la colonne est l'inscription suivante : Espérez innocents. Au bas du socle est écrit : Par un prisonnier. Sur le socle est l'inscription suivante : JE RENDS A LA VERTU SA PREMIÈRE BLANCHEUR E T J'IMMOLE A SES YEUX SON FAROUCHE OPPRESSEUR. Corchand, ami des arts, fut sans doute favorable à l'ar- tiste, lorsqu'il parut devant la Commission révolutionnaire, et l'artiste fut sauvé par cette ingénieuse allégorie. On lit dans un ouvrage intitulé : Quelques temps de ma vie par Alexandrine des Escherolles. « A l'Hôtel de Ville, au milieu de cette foule inquiète, je reconnus le sculpteur Chinard, que j'avais vu aux Recluses. Je le vois marcher à grands pas, et dans le trouble de son âme, hâter et presser sa marche à mesure que l'instant décisif approchait, coudoyant et heurtant tout le monde sans voir personne ; se croyant seul, ne voyant que lui, il parlait haut. Serai-je libre enfin ? Est-il vrai que je franchirai ces portes ? Est-ce pour la vie ? Est-ce pour reve- nir encore dans ces murs ? ou bien Et les regardsmesu- rant la place allaient s'arrêter sur l'échafaud qui la terminait. « Chinard avait de puissants ennemis et de grands pro- tecteurs. Parmi ceux-ci, on doit compter son talent distin- gué. On l'avait délivré trois fois, et trois fois, sur la place même des Terreaux, de nouvelles dénonciations l'avaient