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26o                    BERNARD SALOMON

de Lyon assez de hautes pensées pour qu'un autre
contemporain, Josse Bade, le gendre de Jean Trechsel,
ait pu donner publiquement aux gens instruits ce pré-
cepte : « Il faut que tu faces participans de ton
sçavoir et érudition ceulx qui sont ignorans ( i ) . »
   On comprend quel attrait, quelle vogue durent avoir
dans de telles circonstances ces éditions à l'ornemen-
tation si piquante, quand on les rapproche de celles
qui avaient eu cours jusqu'alors (2). La réaction avait
commencé, elle devint rapide. Comme par un bond
soudain une partie de l'école lyonnaise a passé de la
tradition qu'on peut dire gothique aux hardiesses de
la Renaissance et d'une renaissance déjà près de la
décadence.

   Le premier livre dans lequel on voit avec certitude
la main de Bernard Salomon contient les Triomphes
de Pétrarque (1547). Jean de Tournes a mis au jour,
dans la même année, les Marguerites de la Marguerite
des princesses très illustre Royne de Navarre ; ce livre doit
son renom aux vignettes charmantes d'un art tout à
fait nôtre, qui décorent le petit poème de la Coche.
Françaises aussi et d'un style très personnel les figures


   (1) Ignaris... tibi cognita pracipias, traduit par Guillaume
Durand. (Voir ce qu'a dit de la condition des esprits et de Guillaume
Durand, M. F. Buisson dans son livre intitulé : Sébastien Casteil-
lon, sa vie et son Å“uvre, 1892, t. I, p. 18 et 19.)
  (2) On n'a qu'à examiner II nuovo Testamento di Giesu Christo
donné par Roville en 1549 (sorti des presses de Philibert Rollet
et Barthélémy Frein) ; les vignettes ont encore quelque chose
de gothique.