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184 BERNARD SALOMON temps un partisan très réservé. En 1554, dans la pré- face des Figures du Nouveau Testament, il dit qu'il « a fait dresser ce présent livret de figures, prinses sur les histoires du nouveau Testament, et concernans les prin- cipaus articles, mystères, et poins de notre salut, et sainte Foy Chrétienne et Catolique. » Il n'a rien changé à cette déclaration dans l'édition de 1559. Guillaume Gazeau, il est vrai, s'est montré à Lyon un des hugue- nots les plus fougueux, mais Gazeau, simple libraire, associé intermittent de Jean de Tournes, son beau-père, n'avait pas d'autorité sur le petit Bernard. Celui-ci a pu, comme Jean Cousin et d'autres peintres l'ont fait, ne pas ménager en quelques occasions le clergé et même le pape, placer, par exemple, le pape, des moines, des rois, parmi les adorateurs de la Bête aux sept têtes de l'Apocalypse. Dans le Pétrarque de 1547, la tiare et la mitre sont au milieu des objets symboliques épars sur le sol que les traits de l'Amour ont atteints. Il semble qu'il ne faille voir en cela que des signes de l'agitation et de l'indépendance des esprits, que des boutades irré- fléchies et irrévérencieuses. On observe de pareilles har- diesses dans l'Apocalypse de Jean Duvet : un ange foulant aux pieds les cadavres des hommes tués par les plaies divines, parmi lesquels un cardinal et un évêque, est près de frapper de son glaive le pape. Salomon n'est pas allé aussi loin, et l'affirmation très nette et publique de sa foi religieuse catholique dans son testament est décisive. (A suivre). Natalis RONDOT.