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                 DEUX THÈSES DE DOCTORAT                   I29




                              I


   Un très attachant travail sur Tacite fait l'objet de la
thèse latine. On s'est beaucoup occupé, en ces dernières
années, du grand écrivain romain. De savantes études ont
été faites sur Tacite considéré comme historien, sur sa
méthode, sa grammaire, ses sources, l'authenticité de ses
œuvres. Il était bon, dans ce temps, trop exclusivement
peut-être voué aux recherches érudites, de revenir à un
point de vue plus littéraire, de reprendre les Annales et les
Histoires comme Å“uvres d'art, et de nous rendre un compte
rigoureux, esthétique et scientifique en même temps, de
notre admiration.
   Racine a proclamé Tacite le plus grand peintre de l'an-
tiquité. A-t-il eu raison, et dans quel sens faut-il entendre
cette qualification ? M. Vianey nous le montrera si nous
voulons bien le suivre dans sa discussion très précise, très
méthodique, écrite dans un latin élégant et clair. Ce n'est
pas dans la description des lieux, ce n'est même pas dans
le portrait qu'il faut chercher la grande supériorité de
Tacite. Il n'esquisse pas, comme Saint-Simon, ces croquis
saisissants qui font revivre la physionomie, l'aspect physique
et moral d'un personnage. Tacite s'occupe surtout de
l'âme ; il ne s'intéresse qu'aux tragédies humaines. Dans
l'homme extérieur, ce qui le frappe avant tout c'est le
mouvement et le geste. Aussi rend-il vivantes pour nous
les scènes du passé, dont son imagination lui donne en
quelque sorte la vision. Il nous les présente dans une foule
de petits tableaux qui rappellent les bas-reliefs de la colonne
trajane. Son procédé, en effet,se rattache plus à la sculpture