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36             UNE PROMENADE EN DAUPHINE

l'Ordre, jouissaient du droit d'entrer dans l'église des Pères
de la Sylve.
   Au temps des guerres de la Ligue, le monastère fut
ravagé. Une fuite prudente sauva les moines de la fureur
des soldats. Seul un malheureux Frère donné se laissa saisir
et devint la victime de ces forcenés qui le tourmentèrent
cruellement. La croix du Moine mort garde la mémoire de
ce drame tragique. Un touchant usage voulait que quicon-
que passait près de cette croix qui se rencontre, solitaire,
en pleine forêt, déposât sur les marches une fleur, avec
une prière pour le repos de l'âme de l'infortuné religieux.
   Fidèles aux coutumes charitables de leur congrégation,
les Pères de la Sylve procédaient à des distributions pério-
diques de pain aux pauvres. La tradition de ces libéralités
est encore vivante dans le pays.
   Un souvenir intéressant pour nous, Lyonnais, avant de
quitter ces lieux : le dernier prieur de la Sylve, Dom
Romuald Moissonnier, était notre concitoyen. C'est le
même qui eut plus tard la joie suprême de ramener ses
frères à la Grande Chartreuse, ce berceau de l'Ordre tou-
jours cher au fils de saint Bruno. Chargé d'ans et d'infir-
mités, le digne Père ne survécut que peu de jours à ce
retour si longtemps attendu.



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   Une visite à Clermont terminera notre promenade.
   Pour nous y rendre, nous gagnons le joli bourg de Cha-
ravine dont l'église, de récente construction, a vite fait
oublier la bâtisse sordide qu'elle a remplacée, et nous nous