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14 LOUIS BRESSON montrer à de véritables artistes, il s'enthousiasmait avec une sincérité qui faisait plaisir à voir. Sa place était toute indiquée dans la Société des biblio- philes, car sa bibliothèque jouissait d'un juste renom. Plein de ténacité, doué d'une excellente mémoire, fréquentant les ventes de livres et de gravures, il avait su réunir des ouvrages précieux et rares. L'amour des livres était pour lui une véritable passion ; très difficile, il leur trouvait cent défauts avant qu'il les ait achetés, mais lorsqu'ils étaient devenus siens, Bresson jouissait de toutes leurs qualités en véritable dilettante. Ses médailles, ses livres, ses gravures, ses tableaux étaient, pour ainsi dire, ses seules distractions, avec quel- ques voyages qu'il fit, lorsqu'il en trouva le temps. Bresson n'était pas homme du monde, la tournure de son esprit solide et sérieux s'accommodait assez mal avec les qualités superficielles que possèdent ceux qui savent y réussir. D'ailleurs, lorsqu'il revint de Paris où la nécessité avait augmenté son ardeur pour l'étude, il dut prendre la vie par son côté austère ; plus tard, à l'âge de la maturité, quand la fortune lui sourit et que son cabinet s'emplissait de clients, la douleur vint le visiter; il perdit la compagne de sa vie et ce fut dans le travail qu'il chercha la consola- tion de la perte si dure que la Providence lui imposait ; plus tard, lorsque la mort vint lui enlever sa fille unique mariée à un de ses anciens élèves, architecte estimé, il tâcha de ne pas se laisser abattre, en travaillant toujours. La vie de Bresson ressemble à ce que nous nous imagi- nons des vies tranquilles de nos ancêtres. Visant à bien faire tout ce qu'il avait à faire, trouvant le jour trop court pour cela, il reprenait le lendemain le labeur de la veille, sans trêve ni repos. Juste et bienveillant, il était aimé de