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10                     LOUIS BRESSON

toujours les anciens, il est permis cependant de constater
que les programmes imposés de nos jours sont souvent
d'une réalisation artistique fort difficile. Ce qu'on demande
à rarchitecte contemporain qui doit contruire une maison
en ville, c'est une bâtisse qui ait beaucoup d'étages, parce-
qu'on veut beaucoup de loyers, qui ne monte pas plus
haut que ne le permet la voirie et ne possède pas de saillies
plus fortes que ne le tolèrent ses règlements. La belle cor-
niche du palais Strozzi et celle non moins superbe du palais
Famèse n'existeraient pas, si Rome et Florence avaient eu
nos voyers. Il faut encore que l'architecte, qui construit
une de nos maisons, y dispose un nombre de fenêtres suffi-
sant pour éclairer un grand nombre de pièces, il faut aussi
d'ordinaire que le rez-de-chaussée soit vide, et supporte de
lourds trumeaux de pierre sur des colonnes métalliques
presque invisibles. Quand on songe à ces conditions qui sont
toutes plus absurdes les unes que les autres, au point de vue
de l'art, on se demande, ce que pourra bien faire le
malheureux architecte chargé d'élever une maison dans une
de nos grandes cités à la fin du xixe siècle. Bresson dut
accepter ce programme comme ses collègues, et sans se
décourager, il s'efforça d'en tirer parti.
   Il y réussit dans la mesure du possible, les façades de ses
maisons sont intéressantes et toujours soigneusement dessi-
nées. Suivant l'époque de leur construction, elles sont de
divers styles; les dernières se rapprochent de ceux de
Louis XIII et de Louis XIV; les premières sont pour la
plupart de ce style qu'on appelait néo-grec, et qui sous le
second empire eut une vogue de courte durée. Les maisons
de Bresson conçues dans ce style ne sont pas démodées
comme tant d'autres. On peut citer notamment celle de la
place de la Bourse, 2, comme une œuvre des mieux réus-