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8                              LOUIS BRESSON

qualité maîtresse qui paraît devenir fort rare. Et cependant
combien elle est nécessaire à un architecte. Sans ce bon
sens pratique qui sait disposer et ordonner l'ensemble d'un
édifice, l'imagination la plus brillante ne sert qu'à y multi-
plier les défauts. Tel était bien le sentiment de notre Phili-
bert de l'Orme, quand il disait : « De sorte qu'il vaudrait
trop mieux à l'architecte, selon mon ad vis, faillir aux orne-
ments des colonnes, aux mesures et fassades (où tous qui
font profession de bastir s'estudient le plus), qu'en ces
belles reigles de nature, qui concernent la commodité,
l'usage et proufit des habitans, et non la décoration, beauté
ou enrichissement des logis, faitcz seulement pour le
contentement des yeux, sans apporter aucun fruict à la
santé et vie des hommes ( i ) . » Bresson pensait comme
notre illustre maître de la Renaissance française. Sans
négliger l'aspect extérieur ni les ornements qu'il savait fort
bien traiter, quand il convenait, et mettre en leurs places,
il s'attachait avant tout aux plans des édifices qu'il avait à
construire. Sous ce rapport, les collèges, couvents que fit
Bresson se font remarquer par leurs dispositions simples et
commodes, les détails sagement subordonnés à l'ensemble,
qui, lui-même, est largement conçu; chaque partie consti-
tutive du tout possède les dimensions utiles et se trouve à
l'endroit judicieusement choisi; les services sont bien
orientés, les dégagements suffisants; les escaliers souvent
remarquables sont où il les faut, pour desservir les divers
corps de logis ; en un mot, l'ordre et la convenance régnent
partout. Les collèges de Mongré et de Saint-Chamond sont
à citer d'une façon spéciale. Au collège des Jésuites à


    (i) L'architecture de Philibert de l'Orme, Paris, 1576.