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J.-A.-M. DUCLAUX. 337 consultaient, il aimait à leur rendre service et à les aider de ses conseils. La mort, à la suite de courtes souffrances, vint le séparer des siens, le 21 mars 1868. 11 sera longtemps encore un des peintres qui feront honneur à l'école lyonnaise, et notre ville le comptera toujours au nombre de ses plusillustresenfants. M. Paul Eymard termine sa notice par une liste des ouvrages les plus connus de J.-A-M. Duclaux, liste empruntée à la Revue du Lyonnais d'août 1851. Après avoir donné une analyse succincte de la susdite notice, je me permettrai démettre en scène quelques uns de mes sou- venirs personnels. J'ai beaucoup connu feu Duclaux, nous nous sommes fréquemment et mutuellement visité, j'avais la permis- sion de fouiller ses collections de dessins et d'études, et j'éprou- vais un vrai plaisir à me promener au milieu de ces charmants paysages. Duclaux n'était pas un peintre de haut style, ni un puissant coloriste, mais il rendait parfaitement la nature pittoresque. Il ne choisissait pas des modèles absurdes et sans aucun intérêt, ainsi que le font les partisans contemporains du réalisme et du lâché, et j'aimais à me reposer à l'ombre de ses arbres et sur le bord de ses champêtres ruisseaux. Si ses paysans des deux. sexes ne ressemblaient pas aux campagnards virgiliens de Paul Flandrin, ils n'avaient aucun rapport avec les gamins de Manet. Personne ne dessinait mieux que lui les animaux, et si je lui adresse .un petit reproche, c'est simplement de ne pas les grou- per mais de les éparpiller un peu trop. L'impression pittoresque résulte de la facile perception, laquelle devient difficile, lorsque les yeux sont obligés de courir à la recherche des individus iso- lés, au lieu de percevoir promptement le groupe. J'ai souvent fait des promenades avec Duclaux et nous nous comprenions facilement. Nous aimions à contempler les arbres, les terrains, les fabriques, et je me souviens qu'un jour il me disait : « Avouez que nous sommes heureux ! » car nous nous arrêtions pour regarder une multitude d'objets dont le vulgaire ne soupçonne pas même la valeur artistique. M. Paul Eymard dit que la nature d'esprit de Duclaux était 22