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320                       BIBLIOGRAPHIE.

c'est que le Satyriron, dans les parties .que nous en possédons,
ne renferme pas les tablettes dont parle Tacite. — Nous reve-
nons ainsi, après en avoir donné les preuves, à notre première
affirmation. — Cette thèse n'est peut-être pas celle du docteur
Pétrequin. Mais où nous sommes en parfait accord avec lui,
c'est dans l'appréciation si justeet si bien mesurée qu'il fait du
mérite littéraire de l'auteur latin.
   Pétrone présente deux faces à la critique. Nous aurions
trop à faire si, dans cette œuvre variée, étrange et riche de con-
trastes, nous voulions démêler ce qui est bien de ce qui est
mal, ce qui est honnête de ce qui ne l'est pas ; si nous voulions
dire tout ce qu'elle renferme de rapprochements inattendus,
d'exemples et de préceptes contradictoires. Pétrone, avant tout,
est un peintre habile, un couteur charmant. Son récit, rapide,
 entraînant, alterné de prose et de vers, est semé, à chaque
instant, de traits d'esprit, relevé de vives saillies, animé de
gaîté' et de folie. Plus rarement il est tempéré par la sagesse.
Gomme prosateur, il est presque irréprochable. Ses fragments de
haute poésie, quelques beaux vers qu'ils renferment, sont
moins une composition originale qu'un travail d'imitation. Nous
le retrouvons dans sa poésie légère avec les qualités qui lui
sont propres : la facilité, la grâce, l'élégance. Ce n'est pas à
dire qu'il s'y montre sans défaut. La couleur répandue sans
mesure sur quelques-uns de ses portraits, altère en débordant
la pureté des lignes et la fermeté des contours. De même, le
sentiment chez lui, tendre et naïf de temps en temps, est
d'ordinaire superficiel et n'a de durée et d'étendue que celles du
caprice et du désir. Souvent aussi, sa Muse trop soucieuse de
paraître belle, use du vermillon et revêt son charme naturel
de manière et d'afféterie,- d'autres fois au contraire, toute pleine
de sa passion, elle se précipite sans apprêt dans le plaisir et
néglige, à dessein, de nouer ses cheveux et de serrer sa ceinture.
   M. Pétrequin fait un choix prudent et discret parmi ces poé-
sies diverses et nous permet d'en apprécier les beautés dans la
fidélité, la souplesse et les tours heureux d'une traduction bien
réussie.