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             LE PAGE DU BARON DES ADRETS.            "07
perches en guise de rames, montent dans la barque et
s'éloignent de l'île ; Blancon ne comprend pas pourquoi
aucun d'eux ne reste à terre pour ie guider dans la vi-
site qu'il va faire au couvent.
   Soudain un cri de fureur s'élève du rivage. Les sol-
dats du bateau ont pris ie fil de l'eau et manœuvrent
avec habileté, mais au lieu de ramer vers la rive gau-
che où sont les cavaliers, ils se dirigent vers la rive
droite, abordent, et, repoussant la barque au milieu de
la rivière, se dispersent et fuyent du côté du Mont-
Cindre.
   Blancon et sa troupe ne peuvent comprendre une
pareille trahison. Non seulement les misérables déso-
béissent aux ordres d'un chef, mais ils abandonnent la
cause huguenote et désertent leur drapeau en pleine
guerre, en face des catholiques à peine domptés, au
milieu d'une ville conquise mais qu'un rien peut sou-
lever. Quel motif puissant les a poussés à ce crime?
Blancon laboure les flancs de son cheval qui se cabre,
mais sa fureur est impuissante et les déserteurs, chargés
d'or, gravissent eu sûreté et sans être poursuivis les
coteaux qui dominent Lyon au nord ; au loin, là bas,
se dressent de hautes montagnes dont les profonds ra-
vins et les épaisses forêts assurent à tout bandit l'im-
punité. Blancon sait que toute poursuite est inutile; son
épée frappe l'air, et ses yeux couvrent avec une égale
anxiété les collines du Mont-d'Or et les murs du cloître
où il est certain de découvrir quelque effrayant secret.
   Un murmure de ses compagnons le tire de ses som-
bres réflexions ; il regarde vers le midi et voit arriver
à grande Vitesse une troupe de cavaliers. Ce sont les