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424 AUTOUR DE LYON. thram-s, latin trab-s (1), celtique derv ou derf (2), arbre par excellence, chêne, forêt de chênes. Ainsi, l'esculus est bien, à tous les points de vue, le chêne à grappes, le plus élevé et le plus vigoureux de nos arbres fores- tiers. Les bois formés de plusieurs espèces de chênes ont occasionné les topiques Quesnay, Quesnoy, Chênay, Chênaie, etc. de quesne en bas-latin casnus et cassanus, nom commun de la famille (3) ; les forêts exclusivement ou en majeure partie composées de l'es- pèce robur ont donné naissance aux noms de lieu Rouvre, Rouvraie, Rouvière, Roboie, Robelaie, Robalaie, etc. ; et celles où dominait l'esculus aux divers Esculiacus, Esquiliacus, Esquilina, Aquilina, et autres du même genre. Maintenant, si je consulte une flore du Lyonnais, celle de Bal- bis, par exemple, j'y lis que le chêne à grappes « est commun dans les bois du Lyonnais, dont il forme la base princi- pale » (4). On peut donc, sans être taxé de témérité, affirmer qu'une forêt de chênes à grappes, esquilinœ, couvrait encore, aux pre- miers jours de l'invasion romaine, la contrée dont Ecully est le centre. Quelques écrivains lyonnais du dernier siècle, plaçant dans cette commune un haras, equile, en tirent le nom qu'elle porte. Je concevrais que les Gaulois et, après eux, les Romains eussent établi des haras dans les vastes prairies du bassin de l'Arar. Ainsi, telle est ma conviction, la confédération éduenne eut à Caballodunum, Cabillonum ou KaSvMïvov, aujourd'hui Chalon, non-seulement une cité fédérale et un arsenal, mais aussi ce (1) Trabs, comme traîne, a le double sens d'arbre de futaie, grand arbre, et de poutre. (2) Cf. Legonidcc, Ouvr. cit., et le Derv-ensis saltus, la grande forêt de Derf en Champagne, autour de Montier-eH-Ocr ; Do-u-ant, Dreu-ant, loca- lité berryère, célèbre par ses ruines gallo-romaines, etc. (3) V. dans Roquefort, Glots. de la lang. rom., les curieuses transfor- mations du mot caoine, chêne. (4) Flore lyonnaise, 1,664.