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                 CHRONIQUE LOCALE
   Habitons-nous Lyon, Rome ou Florence ? Yivons-nous sous
le sceptre de Léon X ? ou le souffle des Médicis a-t-il passé sur
notre ville? A suivre les passants, à entendre les lambeaux de
conversation qui s'échangent, on se croirait à une de ces épo-
ques brillantes qui marquent, point lumineux, dans l'histoire des
empires ou des cités. On court ; où va-t-on ? A l'Exposition des
amis des arts, pour profiter des derniers jours ; au concert de
l'Union-Chorale ou des sœurs Ferni, à l'exposition des tableaux
Laforge, au Palais-du-Commerce, à la splendide collection des
dessins de grands maîtres, apportée par M. Broun.— Que dit-
on ? J'ai acheté un Hobbema, un Rubens. M. B. a eu un Ruisdael
pour 1800 francs, pour rien ; M. C , un Rembrandt poiir mille ;
M. F., un Teniers pour 760. Moi, je lis le volume de Joseph Pagnon,
publié par Tisseur. — Savez-vous que la première édition des
 Rayons perdus est épuisée et que la seconde s'enlève ? Encou-
 ragée par le succès, l'auteur prépare un autre ouvrage bien au-
 dessus de celui-ci. —-On c.nnonce pour ces jours-ci un charmant
 volume d'Emile Guimet : L'Orient d'Europe au fusain. Ce
 voyage humouristique, publié par Hetzel, a été écrit avant le coup
 si terrible qui a frappé l'auteur ; il était heureux alors, plein
 d'espérance, et il a mis dans ces pages toute la gaieté, la verve
 et l'entrain gracieux de son esprit. — Avez-vous admiré ce chef-
 d'œuvre de typographie sorti des presses de Pitrat aîné : Notice
 sur Duclaux, sa vie et ses œuvres, par Paul Eymard ? Jamais
 Lyon n'a rien produit de plus parfait.
   On attend Mme Galli-Marié. — Avez-vous été satisfait de
Delabranche ? — Mme de Taisy a chanté hier admirablement. La
salle était comble. Voici deux ou trois opéras du crû qui ont
parfaitement réussi. Le Directeur a la main heureuse.
   Et c'est ainsi qu'on cause dans notre bonne ville de Lyon, en
l'an de grâce 1869, sans que l'industrie s'arrête, sans que les
métiers battent moins, sans que les chemins de fer soient moins
 encombrés de marchandises et de voyageurs, sans que nos grands
bateaux à vapeur fendent moins rapidement le Rhône. Ainsi jadis,
Venise et la Hollande cultivaient l'imprimerie cl les arts sous la