Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
          NOUVEAUX SOUVENIRS DE PONDIGHÉRY                           375
     « Il vaut mieux, pour un interprète de la sainte écriture, mourir
avec sa science que de la semer dans un sol ingrat.
    « Qu'un Brahmane craigne tout honneur mondain comme du
poison, et qu'il désire le mépris à l'égal de l'ambroisie.
    « Qu'il ne montre jamais de mauvaise humeur ; qu'il ne nuisepas
à autrui, qu'il n'en conçoive même pas la pensée.
    « Qu'il traite toujours avec respect son instituteur, son père, sa
mère et son frère aîné. »
   Voici quelques-unes des obligations auxquelles devait s'assujétir
le Brahmane fait ermite.
    « Qu'il soit toujours seul, sans compagnon, sans domicile. Qu'il
ne désire point la mort, qu'il ne désire point la vie, qu'il attende le
moment fixé pour lui, comme un domestique attend ses gages.
Qu'il mendie sa nourriture une fois par jour, le soir, lorsqu'on ne
voit plus la fumée de la cuisine, que le pilon est au repos, que les
charbons sont éteints, que les gens sont rassasiés, et que les plats
sont retirés. Afin de ne causer la mort d'aucun animal, qu'il mar -
che en regardant la terre, la nuit comme le jour. Qu'il médite. —
Qu'il lise surtout les Vèclas. —L'étude du Véda est ce qu'il y a
de plus efficace pour procurer la félicité dans ce monde et dans
l'autre. Un Brahmane possédant les Vëdas ne serait souillé d'aucun
crime, même s'il avait tué les habitants des trois mondes, et accepté
de la nourriture de l'homme le plus vil. De même qu'une motte de
terre jetée dans un grand lac y disparait, de même tout acte cou-
pable est submergé dans le triple Véda.
    « Qu'il pratique les dix vertus : résignation, le bien, rendu pour le
mal, tempérance, probité,- pureté, répression des sens, connais-
sance des livres saints, connaissance de l'âme suprême, véracité,
douceur. Le Brahmane qui pratique ces dix vertus, quia entendu
l'interprétation des Vêdas, qui a acquitté sa dette envers les mânes
de ses ancêtres, en procréant un fils, sa dette envers les dieux, en
accomplissant les sacrifices, celui-là peut renoncer entièrement au
monde, se dispenser de pratiques pieuses, ne plus parler, ne plus
entendre, s'absorber dans la contemplation de l'Etre suprême, et
mériter ainsi d'atteindre le dernier degré de la béatitude. »

          (A suivre.)                              J.   MAIRE.