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                  LE MARIAGE DE S É V E R I N E                    173
 donnez-moi, mais je voudrais en vain vous dissimuler que ce n'est
 point là l'époux que j'aurais souhaité à ma fille. Non que je ne le
 tienne pour un très galant homme, dans la plus haute acception du
 mot, mais enfin, préjugé de bourgeois si vous voulez, je me le
 représente mal chef de famille, et conduisant avec discernement une
grande fortune.
    Ensuite, sans avoir la prétention de trouver pour ma fille un
mari aussi riche qu'elle, je vous avoue que les soixante mille francs
qui, je me le suis rappelé depuis notre dernière conversation,
constituent, à ma connnaissance, toute la fortune présente et à
venir de M. d'Artannes me paraissent un bien mince denier.
    — Vous m'apprenez là une chose que j'ignorais, fit Glotilde, et
que M. d'Artannes m'a toujours tue. lia, dites-vous, soixante mille
francs à lui ?
    — Vous l'ignoriez ?
    — Tout à fait. Gomment le savez-vous?
    — Mais d'une manière bien simple : je l'ai entendu dire autre-
fois, je ne sais à quel propos, par M. Chauret, ami du général
d'Artannes, et membre du conseil de famille de M. Maurice pendant
sa minorité. Cette somme de soixante mille francs venait de feu
Mme d'Artannes; quant au général, il passe pour n'avoir laissé que
des dettes.
    —• C'est le bruit qui a couru, dit Clotilde, mais enfin, que
M. Chauret vous ait bien ou mal renseigné, une fortune aussi
minime ne saurait être d'un grand poids dans votre décision.
    — Sans doute, je n'en parlais que pour ne rien omettre. J'aime -
rais aussi à savoir ce que M. Maurice a fait de ce petit capital. Cela
seul me suffirait pour le juger.
    — Concluons, dit la jeune femme d'un ton qui laissait percer
un peu d'inquiétude et d'impatience ; consentez-vous, oui ou non, à
parler de M. d'Artannes à Séverine?
    — Voici tout ce que je peux dire aujourd'hui, nia chère Clotilde;
désirant avant tout marier ma fille, si M. Maurice est l'homme
qu'il doit être, du moment que vous l'honorez de votre bienveil-
lance, je l'accepterai pour gendre. Mais je m'attendais trop peu à
sa demande, surtout à l'éventualité d'y donner suite, pour ne pas y
réfléchir encore avant d'en toucher le moindre mot à Séverine. Elle