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124                  LA R E V U E LYONNAISE
qui ne tendait pas à l'édification ou au salut lui paraissait inutile,
presque condamnable. Mais Virgile et Stace étaient vus d'un œil
moins sévère. On voulait que Virgile dans sa quatrième églogue eût
eu un pressentiment de la prochaine arrivée du Christ, et que Stace,
qui se proclamait son admirateur, non seulement se fût beaucoup
rapproché de la nouvelle doctrine, mais même eût professé le chris-
tianisme. Dante indique clairement cette croyance : « Stace, dit
M. Gonstans, est représenté se joignant à Virgile ponr guider le
poète, jusqu'au moment où celui-ci rencontre Bèatrix. Alors Vir-
gile, qui, en sa qualité de païen, et malgré la vague intuition qu'il
a eue de'la venue du Christ, ne peut entrer dans le paradis, s'éva-
nouit tout à coup, et Stace dont la purification est achevée, y entre
à la suite du Dante et de Béatrix ».
   Au douzième siècle parurent plusieurs romans où « on peignit,
dit M. Constans, les barons de l'époque, tout en croyant représen-
ter desTroyens, des Grecs ou des Romains ». Le Roman de Thèbes
est visiblement inspiré du poème de Stace. On en a différents ma-
 nuscrits que M. Constans analyse avec une érudition pleine de sa-
 gacité. Le Roman de Thèbes débute par une sorte de prologue où
l'auteur raconte les aventures d'Å’dipe.
   Elles sont relatées à peu près telles que nous les connaissons.
 Le fils de Laïus n'est plus sauvé par un berger mais par le roi Poli-
bus qui chassait entouré de ses a chevaliers ». Le roi le fit élever
comme son fils, lui donna le nom à'Edipus, et, quand il fut parve-
nu à l'âge de quinze ans, l'arma chevalier. Il surpassait ses cama-
rades, même au jeu dedés et aux échecs. Les courtisans jaloux lui
 reprochent son origine suspecte, et Å’dipe va consulter l'oracle qui
lui conseille de gagner Thèbes pour apprendre des nouvelles de
 son père. En approchant de cette patrie qu'il ne connaît pas, Œdipe
 tue un vieillard, non dans un endroit écarté, mais au milieu d'une
 plaine où l'on célébrait des jeux, à propos d'une querelle qui sur-
vient et où il prend parti. Ensuite nous le voyons s'approcher de
Thèbes, triompher du Sphinx et épouser Jocaste qui est poussée à
cethymenpar« les barons et les bourgeois ». La manière dont Jo-
caste reconnaît son fils est assurément originale. Lui donnant ses
soins pendant qu'il prend un bain, elle remarque les cicatrices des
pieds et l'interroge. Œdipe lui avoue le mystère de sa naissance et