page suivante »
264 LA REVUE L Y O N N A I S E homme, il aime votre aile et il en est aimé. Pourquoi les rendriez- vous responsables d'une faute qu'ils n'ont point commise ? Le fils vous dédommagera du mal que vous a fait le père, en rendant Séverine la plus heureuse des femmes. — Et vous êtes sûre que Maurice ignore le nom de la mère de... Mrae Buisseret? — Positivement sûre, dit Mme Evrard qui s'attendait à la ques- tion et ne broncha pas, où l'aurait-il appris ? Vous avez vu que le général ne lui en parlait point dans sa lettre. . — Allons! dit le banquier en soupirant, si je veux que ma fille se marie,il me faut accepter M. d'Artannes. Pourquoi est-il le fils de cet homme? Quel sacrifice je fais, Glotilde, au bonheur de mon enfant ! » Huit jours après, il y avait une petite réunion à l'hôtel Lefort. Le banquier, qui commençait à apprécier son futur gendre, le. présentait à sa famille et à quelques amis. Ghauret et Mrae Lejarrois étaient présents. La veuve, quoique furieuse du résultat de ses intrigues, n'avait pas cru de son intérêt de rompre avec son riche parent. •« Ma chère amie, avait-elle dit à Séverine trop heureuse pour conserver de la rancune contre quelqu'un, ma bonne foi avait été surprise. Je n'ai pas besoin de vous dire que ma sollicitude pour votre bonheur avait seule dicté mes paroles. J'ai été ravie d'ap- prendre que M. d'Artannes était digne de vous. » Quant au jeune Chauret, craignant que son échec ne prêtât à rire, car ses espérances matrimoniales avaient déjà fait jaser, il avait jugé de bonne politique de se montrer chez son patron afin de prouver qu'il n'avait jamais songé à Mlle Lefort. Comme les deux vaincus causaient tristement dans un coin, Maurice se dirigea vers eux. « Madame, dit—il à M me Lejarrois, j'ai été, vous l'ignorez moins que personne, je crois, calomnié gravement, ainsi que des per- sonnes auxquelles je porte respect et attachement. Vous savez qu'il ne m'a pas été difficile de me disculper. J'ose espérer que, si l'occasion s'en présente, vous voudrez bien de votre côté rétablir la vérité des faits. » Et, saluant de l'air le plus tranquille du monde, M. d'Artannes