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             LE P R É T E N D U TOMBEAU DBS PA.ZZI                 269
    Certes, voilà un ensemble de témoignages graves et qui pour-
 raient paraître concluants si l'attestation d'un historien, séparé par
 quatre générations du fait qu'il raconte, dévaitpasser pour décisive,
 et si l'on ne possédait pas le récit original qui a donné naissance à
 cette anecdote.C'est,comme je l'ai déjà dit,une notice composée par
 un religieux du couvent des Gélestins de Lyon, vers la fin du dix-
 septième siècle. On ne peut traiter la question en litige sans con-
 naître le texte de cet auteur anonyme ; le voici :
    « Dans la nef à costé de Nostre-Dame on voit un grand mauso-
 lée de marbre blanc où des seigneurs Florentins ont estes enterrés.
 On ne sçait point au vray ny leurs noms ny leurs familles, comme
 la maison a esté brûlée deux fois et pillée par les Huguenots, on
 ne trouve rien qui puisse en instruire ; on sçait seulement par tra-
 dition que dans les désordres qui arrivèrent à Florence, à l'occasion
 des Médicis, quantité depersonnes de qualité furent bannies ; quel-
 ques-unes vinrent en France et moururent à Lyon. Marie de Mé-
 dicis est'ant un jour à la messe aux Gélestins apperçut ce tableau,
fit arracher l'épitaphe, oster les armes et rompre les couronnes
qui estoient sur deux lions à costé les armoiries. » (Notice sur le
couvent des Gélestins; mss. de la bibliothèque de Lyon, n° 1464
art. V.)
    En comparant ce texte avec les analyses qui en ont été publiées,
on constate que nos historiens n'ont pas été très exacts et que le
P. de Golonia en a fait un commentaire trop indépendant. Sur cette
simple assurance d'une tradition que de nombreuses familles flo-
rentines étaient 'venues à Lyon à la suite des troubles contre les
Médicis, et sans remarquer qu'il y avait eu à Florence de nombreu -
ses conjurations pour renverser cette puissante famille, il n'a songé
qu'à celle de 1478 et, partant de là, a cru pouvoir préciser et dé-
signer hardiment les Pazzi.Cette affirmation était une pure conjec-
ture trop hasardée et bien mal justifiée. Marie de Médicis n'éprouvait
nullement la « haine invétérée de sa famille contre les Pazzi » que
les historiens lui attribuent trop gratuitement ; elle n'appartenait
pas, à proprement parler, à la famille dont il s'agit, mais à
une branche collatérale reléguée à un degré de parenté très
éloigné ; il y a plus, c'est seulement grâce à l'extinction des
Médicis objets de la conjuration de 1478, que les ascendants de