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376                   LES TRIBULATIONS

truelle contre le compas, de la campagne contre la ville.
D'après lui la résistance des murs n'était pas douteuse ;
leurs défectuosités apparentes étaient sans inconvénients et
sans péril ; le manque d'aplomb et l'absence d'engorgeage
provenaient d'un vice même de construction et de la volonté
des ouvriers ; les crevasses se réduisaient à une seule, du
côté de bise, peu étendue et sans pénétration. Avec deux
éperons d'angle, qu'il ne serait pas inutile de leur flanquer,
il affirmait qu'ils arrêteraient le ciel dans sa chute.
   Si deux arbitres ne s'unissent pas pour trancher un diffé-
rent, on en cherche un troisième. Les habitants d'Essertines
n'entrevirent plus que ce moyen suprême d'en finir et de
sauver leurs deniers. Mais en rédigeant leur requête à
l'intendant, ils n'ont plus la même assurance que dans leurs
autres adresses ; ils ne paraissent plus aussi confiants dans
leur bon droit. Les rapports des deux experts, hommes
expérimentés et de marque, les taquinent et les embarras-
sent ; ils sentent que le terrain de la résistance se dérobe ;
ils s'emportent à des allégations sans valeur, sans oppor-
tunité et très contestables, et comme à court de solides
raisons, ils s'en tiennent à des expédients qui se retourne-
ront contre eux. Ils entrent en matière, en reprochant à
leur curé de mépriser les décisions de l'autorité supérieure,
de n'y avoir aucun égard, de n'avoir jamais cherché qu'à
contredire les intérêts de la paroisse, de n'agir que poussé
par l'intention de l'appauvrir et de la ruiner. Ils mettent
au-dessous des ouvriers, qu'ils ont choisis pour commis-
saires, les entrepreneurs et les architectes, amenés par
Maurice Garel.
  « Il y a une affectation singulière, disent-ils, à nommer
« et à choisir des experts de la ville de Lyon, ingénieurs
« et non maçons, pour constituer la paroisse dans des frais