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iSo                  UNE NOUVELLE BOUTIQUE

   A Lyon, comme ailleurs, la nouvelle en fut saluée par
un soupir de soulagement. Les propriétaires eux-mêmes de
la rue Juiverie et de la Porcherie se consolèrent aisément
du départ de leurs locataires ; d'autant que les vides de
leurs immeubles furent presque aussitôt avantageusement
comblés par l'arrivée de banquiers lombards, de marchands
lucquois et florentins (39).
   Un épisode assez curieux et qui fut comme l'épilogue de
l'exode des Juifs, vint toutefois gâter la joie de nos pères.
   L'édit de bannissement de 1394 ne porte pas confiscation
des biens des Juifs. Il n'est fait remise à leurs débiteurs que
des « usures » c'est-à-dire des intérêts, mais non du capital
 de leurs dettes, lequel doit être immédiatement rem-
 boursé (40). Or, il advint que, — en exécution d'un arrêt


   (39) L'abbé de Villars, dans son curieux petit ouvrage intitulé : Le
Comte de Gabalis, p. 247, dit, à propos de divers trésors extraordinaires :
« ... Il y en avait un à Lyon que l'on pouvait présumer devoir être
bien considérable parce qu'il était marqué (par un hiéroglyphe) dans le
principal quartier où les Juifs faisaient leur résidence, dans une maison
qui a été nommée depuis induement l'hôtel de Gadagne. » Et p. 252 :
« ... J'ai ouï dire à des Lyonnais qu'il y a onze maisons, presque de
même structure où ce hiéroglyphe (une tête de lion) se trouve et on
présume de là que le trésor devait être bien considérable et que c'était
apparemment la dépouille de onze familles de Juifs et d'autant plus
que plusieurs de ces maisons se trouvent situées dans la rue de la Jui-
verie. » Ce récit nous paraît une pure fable. L'expulsion des Juifs en
1394 ne fut pas un coup de violence. Leur sortie des maisons de la rue
Juiverie dut s'opérer sans précipitation; il est donc tout à fait invrai-
semblable qu'ils y aient laissé leur argent. — Encore moins, croyons-
nous que les richesses légendaires de Nicolas Flamel proviennent, même
pour partie, du secret qu'il aurait eu des trésors de la rue Juiverie, car
ce personnage ne vint jamais à Lyon, V. Bréghot du Lut, Mélanges.
 (40) Henri Martin. Histoire de France, t. V, p. 443. « ... Une
mesure moins louable fut l'expulsion des Juifs, mais, au moins, cette