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LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES ITALIENNES II5
relations de l'auteur de Corinne avec les principaux italiens
du temps et principalement le chapitre sur la perspicacité
avec laquelle Mme de Staël comprit, analysa, pénétra les
mœurs transalpines et prophétisa en quelque sorte la résur-
rection de l'Italie. Je renvoie aux dernières pages les gens
d'humeur noire qui seraient tentés de croire à l'antipatrio-
tisme les membres de la Société d'études italiennes.
Ils y verront combien, au cours de son long commerce
avec le génie allemand et le génie italien, Mme de Staël
perdit de son amour patrial. On la voit, peu à peu se
déprendre de son pays, au point d'admirer l'union de
Bernadotte avec les coalisés et d'applaudir à l'entrée
d'Albert de Staël dans les rangs de l'armée, qui allait mar-
cher contre la France. Par contre, ils liront les remarques
fort sages de M. Dejob sur la façon d'étudier les littératures
étrangères.
L'on peut et l'on doit s'occuper de ces dernières, d'abord
parce que connaître d'autres langues que celles de son pays
permet d'enrichir son érudition par la lecture, dans le texte
original, des œuvres des nations voisines. En second lieu
1 lorsqu'on ignore la littérature d'un peuple on ne sait
point ce qu'on doit espérer ou craindre de lui. » Il faut
donc aimer les littératures étrangères, mais en s'efïorcant
de ne pas arriver, comme Mme de Staël, au dédain de la
littérature nationale, de ne pas rabaisser le génie de nos
classiques, et de ne pas s'essayer à l'imitation d'auteurs
étrangers, dont il est impossible de pénétrer suffisamment
l'esprit pour arriver à un résultat littéraire satisfaisant.
Quant à l'influence exercée sur un intellectuel par le com-
merce des grands écrivains internationaux, elle n'est pas
toujours salutaire. Trop souvent, la première chose que
fait l'auteur qui prend pour modèle un maître étranger,