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SUR LE PONT DE SAÔNE 71 Un autre sujet pour Agobard de bien légitime irritation contre les Israélites, c'étaient les disparitions d'enfants chrétiens. « Aujourd'hui, dit le prélat dans une de ses lettres, aujourd'hui s'est présenté à nous un homme venant de Cordoue, lequel nous a déclaré que, n'étant encore qu'un enfant, il fut enlevé furtivement à Lyon par un Juif et vendu aux Sarrasins : des mains desquels il vient de se sauver avec un autre chrétien, né à Arles, qui avait éprouvé, il y a six ans, le même sort. » Le fait fut juridique- ment constaté et on prouva nombre d'autres enlèvements pareils (6). Entre l'archevêque et la synagogue un conflit était inévitable. Voici l'aventure qui le fit éclater. nôtres en se mêlant trop facilement à leurs banquets charnels, ont été conduits à célébrer avec eux les banquets spirituels, J> II est certain qu'il y eut, sous le règne de Louis-le-Débonnaire, un certain nombre d'apostasies ; mais nous ne croyons pas que ce mouvement de conversion au judaïsme ait pris de grandes proportions, entravé qu'il fut par l'ardeur que mirent à le combattre saint Agobard et, à son exemple, les autres évêques de la région. (6) Saint Agobard. Post-scriptum de sa première lettre à Louis-le- Dèbonnaire. « Au moment où je venais de dicter ces pages, il nous est arrivé fuyant du fond de l'Espagne, c'est-à -dire de Cordoue, un homme qui disait avoir été furtivement enlevé par un Juif à Lyon, il y a vingt ans, n'étant encore qu'un petit enfant, et vendu comme esclave. Il s'est enfui d'Espagne, cette année même, avec un autre chrétien, qui avait été pareillement dérobé, à Arles, par un Juif, il y a six ans. Sur cela nous avons cherché des personnes qui connussent cet ancien habi- tant de Lyon : nous en avons trouvé et il nous a été affirmé que bien d'autres chrétiens ont été ou volés ou achetés par le même Juif qui, cette année même, a enlevé et vendu un enfant. Enfin on vient de découvrir que plusieurs chrétiens ont été livrés par d'autres chrétiens à des Juifs et que ceux-ci exercent sur ces esclaves des actions infâmes qu'on aurait honte d'écrire. »