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66 UNE NOUVELLE BOUTIQUE Ce grand trafic était à peu près exclusivement aux mains des Juifs. Mais ce n'était pas là leur seule industrie. Ils avaient réussi à s'emparer de tout le commerce local du vin et de la viande de boucherie. La traite des esclaves, à laquelle ils se livraient sur une grande échelle, était pour eux une autre source d'importants bénéfices. Bien impru- dent l'enfant chrétien qui s'aventurait le soir en quelque rue déserte de la ville ! Le Juif cupide et sans entrailles était là , guettant cette proie facile qu'il se hâtait d'enlever et de faire partir pour l'Espagne où le Sarrasin la lui payait un bon prix. Avec les richesses qu'ils tiraient de tous ces métiers s'étaient accrus, chez nos Israélites, l'orgueil et le goût du faste que donnent à l'ordinaire les fortunes rapidement acquises. Le quartier qu'ils habitaient était le plus beau de la ville, leurs demeures vastes et bien meublées, leur table somptueusement servie. Pour leurs femmes et leurs filles, ils avaient fait construire à grands frais des bains(i) où elles pussent, selon le précepte de Talmud, se plonger tout entières dans l'eau courante. Ces dames ne se montraient en public que pompeusement parées, éclaboussant les chré- tiennes de l'éclat de leurs vêtements et de leurs bijoux. Que des Juifs résident en sa ville épiscopale, qu'ils s'y soient enrichis, et y étalent un grand luxe, que même ils s'y livrent discrètement entre eux aux pratiques du culte mosaïque, Agobard, croyons-nous, n'y eût rien trouvé à redire. (i) Fieury La Serve. Les Juifs de Lyon, Revue du Lyonnais, (838. « On découvre encore de nos jours l'aqueduc et la source qui alimentaient les bains élevés à grands frais par les Juifs. » Le quartier des Juifs compre- nait toute la partie de la colline de Fourvière située au-dessus de la rue Juiverie et de la place du Change actuelles.