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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. 463 présageait de nombreuses signatures ; mais toute honorable, toute spontanée que fût cette démonstration, elle pouvait, en devenant le texte de commentaires passionnés, donner un nouvel aliment a la polémique des partis, si ardente alors. La prudence conseillait de s'abstenir. Aussi, les fonction- naires, objets de cet hommage, arrêtèrent, de concert avec M. de Lezay, la manifestation par un refus unanime. Ils sentirent qu'une satisfaction d'amour-propre ne pouvait en- trer en balance avec les intérêts d'une cité dont la prospé- rité avait été pendant cinq ans le seul but de leur ambition commune. Près de six autres années s'écoulèrent a Saint-Julien, du 9 janvier 1822, époque de la retraite de M. de Lezay, au 30 janvier 1828, qui vit tomber le ministère Villèle. Elles n'ont offert à nos recherches aucun fait assez saillant pour figurer dans cette notice ; le bonheur qui se cache n'est pas du domaine de l'historien ; les individus peuvent, autant que les peuples, s'appliquer le mot célèbre de Montesquieu : Heureuses les nations qui n'ont pas d'annales! Mais l'histoire va recommencer pour le comte de Lezay. M. Laine, lié par les nœuds de la politique et de l'affection avec M. de Martignac, remplaçant de M. de Villèle au ministère, crut devoir rappeler a son ami le courage et l'habileté dé- ployés par l'ancien préfet du Rhône. Cette intervention dé- cida le rappel de M. de Lezay aux affaires. Le 18 octobre 1828, il fut nommé préfet du département de Loir-et-Cher. Les opinions du ministère Martignac étaient celles qu'il avait défendues ; c'était une nouvelle occasion de servir leur cause ; il ne fit aucune difficulté d'accepter, et dut préférer le dangereux honneur de leur être encore une fois utile à tous les agréments de sa position particulière. Il nous paraît si peu dominé par des vues ambitieuses, qu'il ne se permit, dans cette occasion , aucune observation sur le rang qu'oc-