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280 BIBLIOGRAPHIE, leurs pensées reproduites de ci, de là , dans les livres de leurs devanciers comme dans un miroir, sont tentés de s'écrier avec le Métromane de Piron : Hélas ! ils ont écrit presque tout ce qu'on pense ; Leurs livres sont des vois qu'ils nous ont faits d'avance. Telle n'a point été la manière de voir de M. Duparay. Il n'est plus guère, s'esl-il dit, même en Californie, de placers qui soient restés vierges. C'est là , cependant, que les cher- cheurs d'or font leurs meilleures trouvailles. Sur ce raisonne- ment, il a pris son parti, et, sans songer à compter ses de- vanciers, les Voltaire, les La Harpe, les Guizot, les Nizard, — pour ne nommer que les plus célèbres, — il s'est bravement attaqué à Corneille. Étudier non pas le génie de Corneille mais sa méthode; sous le poète montrer le critique; extraire de ses préfaces, de ses épitres, de l'examen qu'il a fait de ses œuvres, des trois discours qu'il a publiés sur la tragédie, une théorie drama- tique, une exposition exacte des principes de l'art, tel que l'entendait le père du théâtre français, tel est le but que s'est proposé M. Duparay. Ce point de vue n'est pas, il faut le reconnaître, entièrement nouveau : plus d'un critique l'a- vait déjà rencontré devant lui ; mais personne, jusqu'ici, ne s'y était arrêté autrement qu'en passant. M. Duparay s'y est établi à demeure, et il a essayé de prendre, de ce côté-là , In mesure exacte et complète du génie de Corneille. Cela suffit, pour que cette étude ait son prix. Elle ne produit pas, il est vrai, l'effet d'une révélation, mais du moins il en sort, comme son auleur a raison de le dire, « un enseignement pour l'his- « toire de l'art, et des lumières nouvelles qui font mieux com- te prendre, mieux apprécier, mieux admirer le génie du grand « Corneille. » L'ouvrage s'ouvre par une exposition rapide des principes dramatiques professés par les critiques au temps de Corneille,