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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. 4t)îi ministres , donnait encore une fois carrière à ses exigences. Il annonçait l'épuration' d'un certain nombre de fonc- tionnaires; une liste de leurs noms, vraie ou supposée, circulait a Blois et dans les villes les plus importantes, où elle répandait l'inquiétude. M. de Lezay sut conjurer à temps cet orage, né de l'exagération du zèle monarchique, par ses explications au ministère, par ses représentations aux chefs du parti. Sa conduite conciliante, dans cette circonstance déli- cate, fut généralement remarquée; elle donna la mesure de son caractère et ne fut pas sans influence sur la manifesta- tion dont il fut l'objet lors de la révolution de 1830. L'expédition contre Alger, depuis longtemps projetée, se préparait dans nos ports. En des temps moins agités, une en- treprise de cette nature eût fait le sujet de toutes les préoc- cupations ; elle n'apporta pas une heure de trêve aux dis- sensions qui troublaient la France. Son résultat, si glorieux pour nos armes, si fécond pour notre grandeur, ne fut pas accueilli sans défiance par les opinions ralliées de près ou de loin aux principes de 1789. Ce c'est pas que ces opinions fussent indifférentes à la gloire du pays, insensibles au développement de sa puissance ; mais elles supposaient que le roi, dont elles suspectaient la sincérité, puiserait dans un beau succès militaire la hardiesse et la force nécessaires à l'exécution de ses plans anti-constitutionnels. A Blois, le 26 juillet, un bal splendide donné par la pré- fecture, pour célébrer notre conquête, réunissait toutes les notabilités de la ville et des environs, lorsque, vers minuit, une estafette, chargée de dépêches pressées, entra bruyam- ment dans la cour de l'hôtel. Le préfet sortit pour les re- cevoir. C'étaient les fatales ordonnances. Il rentra , l'âme contristée, mais cachant sous une apparente impassibilité les sentiments pénibles qui l'affectaient. Le bal continua. Ce- pendant, tel était l'état des esprits, que cette simple absence 30