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EN TRAIN EXl'RESS. VI. IDYLLE. L'or des blés frémit sur ta glèbe rouge, Terre palpitante où tout rit et bouge, Feuille, insecte, fleur, fumée et ruisseau. La mère-nourrice est en belle haleine ! Sous le lait divin sa mamelle pleine, De vie et de joie emplit son berceau. L'homme est aux guérets, menant la faucille, Sa femme au logis qu'elle tient rangé, Sa fille au lavoir où son chant pétille, Son bœuf dans les foins jusqu'au cou plongé. -~ — Repasse demain, beau faiseur d'idylle ; Vois comme en un jour ton site a changé ! La terre est en deuil, la mère est sans fille, L'homme est décrépit, le bœuf égorgé ! VII. AU BUT. Le sol, sous tes pas, s'anime en fuyant Comme un étalon frappé de vertige. Mont, val, fleuve et bois, dansent un quadrige, L'horizon vers nous rampe en tournoyant. Ma belle, tout doux ! ton vol chatoyant Devient un assaut d'horrible voltige ; Au bord du regard le rayon se fige, Et le chaos roule au cerveau bruyant. Qu'elle aille à son gré! —L'ivresse me gagne... En songe, du moins, battons la campagne ; Je m'endors,—je rêve, — ha ! le gai sommeil ! Le cheval-vapeur tout à coup s'arrête ; Par le store ouvert je passe la tête, J'aperçois Paris, — ho ! le laid réveil ! Josephin SOULARY.