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CHROMQUK THÉATRALK. 529 PHILIPPE. Oui, tant qu'il signifie, eu outre, insouciance, Mais qui ebange de sens dès qu'on se donne un but, Et signifie alors impuissance et début ! Tout cela touche au rabâchage, sans compter que le fonds est radica- lement, faux. On peut dire, en effet, que le prix des services de la jeu- nesse a haussé de nos jours, tandis que celui des services de l'âge mûr et surtout de la vieillesse est au rabais. C'est Napoléon 1 er , ce merveilleux exemple de ce que peut et de ce que vaut la jeunesse, q u i , en nous apprenant à faire un appel pratique aux forces qui lui sont propres, l'a remise presque systématiquement en honneur. Le rôle que les sociétés antiques attribuaient à la vieillesse a bien diminué dans les sociétés mo- dernes ; on dirait que celles-ci sentent instinctivement avoir moins besoin de conseils et d'expérience que de courage et de décision. Nos ten- dances utilitaires ont aussi aidé à ce mouvement : chacun sait aujourd'hui sans être économiste, que l'homme jeune est un agent de travail qui produit plus, souvent mieux, et qui court moins de risques. Est-ce que ce n'est pas sous l'empire de ces idées que les gouvernements se montrent de plus en plus tentés d'avancer les limites d'âge pour les fonctionnaires appelés à prendre leur retraite? Ce qui se passe en haut se répercute en bas. Les adminis- trations de chemins de fer n'admettent que des employés âgés de moins de trente-cinq ans. En réalité, la société d'aujourd'hui ne serre pas ses rangs devant la jeunesse, au contraire ; et ceci est surtout vrai en France, où, plus que partout ailleurs, en Angleterre par exemple, les hautes fonctions de la hiérarchie sociale sont occupées par des hommes relativement jeunes. Au caractère de Philippe, M. Augier a opposé, comme un contraste et une leçon, le caractère d'Hubert, son beau-frère, un brave homme qui, plutôt que de végéter dans les bureaux d'un ministère, a préféré se retirer de bonne heure à la campagne, où il se fait, bon an mal an, en cultivant ses terres, une vingtaine de mille livres de renies, ce qui lui permet de garder ses illusions et ses convictions. Hubert est le sermonneur, PAIccstc, le Desgcnais de la pièce ; il ne tient pas à l'action autrement que par des discours qui forment en quelque sorte la parabase de la comédie ; c'est par sa bouche que parle le poète, et cela s'y voit aisément à l'hésitation, à l'incertitude, au vague, au décousu qui règne dans la morale et les opinions d'Hubert. Son premier tort est de ne jamais répondre directe- ment à Philippe. Que dit Philippe, au résumé ? Je ne puis épouser ma cousine Cyprieune, que j'aime pourtant, parée que je n'ai pas vingt-cinq 34