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368           NOTICE SUR M. DE LEZAY-MAUNÉSIA.

   Les premiers qui n'avaient joui, sauf de rares exceptions,
d'aucune influence sous le gouvernement impérial étaient, en
maj eure partie, des hommes pauvres, fortement atta chés à leur s
principes ; un grand nombre occupaient des offices ministé-
riels. Ils consentaient a vivre sous les Bourbons, comme ils
l'avaient fait sous l'Empereur, mais sans rien céder de leurs
convictions. Les proscrire, c'était attirer sur leurs personnes,
sur leurs doctrines, l'intérêt des générations nouvelles qui
commençaient à ne les plus comprendre ; ces générations,
seraient devenues, en peu de temps, par le spectacle d'une
persécution rétrospective, des semences républicaines ; ce
qu'il y avait de mieux à faire, c'était de ne pas exaspérer, par
des vexations inutiles, tous ces vieux révolutionnaires, tant
qu'aucune plainte sérieuse ne s'élèverait contre eux. Les
surveiller suffisait.
   Les prêtres mariés n'étaient pas justiciables du pouvoir
civil ; il ne lui appartenait pas de les poursuivre. Élevés
pour le sacerdoce, très-instruits par conséquent, ils occu-
paient, avec distinction, une foule de postes, soit dans les
finances, soit dans l'administration. Bien qu'ils cherchassent,
par une conduite décente , par une soumission réelle, à
se faire pardonner l'infraction a leurs vœux de prêtrise,
que plusieurs même se fussent mis en règle avec la cour
de Rome, il devenait difficile, pour ne pas dire impossible, de
les maintenir dans leurs emplois, et cependant la plupart,
chargés d'une nombreuse famille, n'avaient pour subsister
que les faibles émoluments de leurs places. Lutter, pour
 conserver du pain a des hommes, coupables sans doute,
mais dignes d'intérêt par leur position, était tout ce qu'il
lui semblait possible de faire.
  Les anciens militaires étaient, en général, moins sages et
moins circonspects: leur influence dans la population était
immense ; compagnons des travaux du grand homme, ils ne