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4!i2 m. 1,'UNITK DE I.'AME PENSANTE abîme. Dans son Mémoire sur la légitimité de la distinc- tion de la physiologie et de la psychologie, M. Jouffroy se propose de démontrer qu'outre la dualité de l'âme et du corps, une dualité plus profonde, celle du moi et de la vie, existe dans les principes mêmes de notre être. De cette dualité, il prétend même faire dépendre, ce qui, à notre avis, serait singulièrement la compromettre, la dis- tinction de la physiologie et de la psychologie. Cependant, dans le cours de la discussion, il lui arrive de dire, ce que nous Croyons la vérité, que cette distinction est encore fondée, et d'une manière plus immédiate peut-être, sur la différence de nature des deux ordres de phénomènes et sur l'opposition des procédés par lesquels l'intelligence les atteint. » M. Jouffroy , dans sa préface des Esquisses morales de Dugald Stewart, avait d'abord, a la suite des philosophes écossais, cherché à établir le parallélisme exact et l'iden - tité des procédés de la science de l'âme et des procédés de la science de la nature. Arrêtant la conscience a la surface même de l'âme, l'enfermant dans les mêmes limites que l'observation sensible, il la déclarait incapable d'aller au-delà des phénomènes ; en conséquence, il faisait dépendre la connaissance de la nature de l'âme, c'est-à -dire la spiri- tualité, d'une induction assujétie aux mêmes lenteurs et aux mêmes incertitudes qu'au regard des substances et des causes du monde extérieur. Ici il reconnaît, avec Maine de Biran, que la portée de la conscience dépasse celle de l'observation extérieure ; qu'elle va au-delà des phénomènes, jusqu'à leur sujet et à leur cause. Mais de là même il pré- tend tirer un argument décisif en faveur de notre dualité. Ayant conscience de cette cause, il est impossible, suivant M. Jouffroy, que nous ne sachions pas ce qu'elle fait, que nous n'ayons pas conscience de tous les phénomènes qui