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446               HE L'UNITÉ DE I/AME PENSANTE                           *

donné à ses monades le nom d'entëléchies. 11 est inutile de
parler ici des monades en général, ni de rappeler l'antago-
nisme profond de son dynamisme et du mécanisme cartésien.
Il suffit de montrer comment, en ce qui concerne la nature
de l'âme, Leibniz s'éloigne de Descartes, pour suivre
Aristote et saint Thomas. Au lieu de la pure pensée, c'est
la force qu'il donne pour essence a l'âme humaine, et, en
même temps, par une conséquence qui nous semble néces-
saire, il lui restitue les fonctions vitales. Dans l'homme de
Leibniz, comme dans tout être organisé, il n'y a qu'une
monade centrale présidant à tout l'agrégat, seule faisant
l'office d'âme, seule étant à la fois cause de la vie et de la
pensée. Enfin, pour Leibniz, comme pour Aristote et saint
Thomas, l'âme, dans son sens le plus général, est synonyme
de principe de vie et d'organisation (1).
    Mais comment notre âme est-elle devenue ce qu'elle est
aujourd'hui, une âme libre et raisonnable ? C'est un grand
principe de Leibniz, qu'aucune âme nouvelle, aucune mo-
nade, à partir de la création, ne survient dans l'univers.
Les âmes destinées à être un jour des âmes humaines ont
 donc existé dans les semences depuis le commencement
 des choses, mais non pas telles qu'elles sont aujourd'hui. Il
 lui paraît convenable, pour plusieurs raisons, de penser
 « qu'elles n'existaient alors qu'en âmes sensitives ou ani-
 males, douées de perception et de sentiment, et destituées
 de raison ; et qu'elles sont demeurées dans cet état jusqu'au
 temps de la génération de l'homme auquel elles devaient
 appartenir, mais qu'alors elles ont reçu la raison, soit qu'il

  (1) Dans la lettre à Wagner, De vi activa, il dit