page suivante »
440 DE L'UNITÉ DE JL'AME PENSANTE historiens de la médecine qui ne peuvent être crus sur parole. Avec plusieurs de ses interprètes, j'incline fort à penser qu'Hippocrate a été tout simplement animiste. Mais, sans prétendre trancher la question, je me borne a dire qu'avant de croire qu'il ait été vitaliste en un sens aussi abstrait et aussi subtil que Barthès ou M. Lordat, il faut attendre que l'école de Montpellier veuille bien nous en donner des preuves moins contestables. D'ailleurs, ne con- damne-t-elle pas elle-même cette prétendue fidélité hippo- cratique quand elle se vante, comme elle le fait, d'avoir perfectionné Hippocrate ? N'est-ce pas avouer qu'elle ne l'a pas fidèlement suivi ? De là des reproches sévères, et, a ce qu'il semble, en partie mérités, d'ignorance ou d'infidélité hippocratique de la part de ses adversaires de l'école de Paris (1). Enfin, quoi qu'il en soit de la vraie doctrine hippo- cratique, nous sommes de l'avis de Platon : « Il ne suffit pas qu'Hippocrate l'ait dit, il faut encore examiner si Hippocrate l'a dit avec raison (1). » Laissons donc Hippocrate et les oracles contradictoires que chaque école de médecine lui fait rendre a son gré, pour passer a Platon et à Aristote. Qui fait que le corps est vivant ? C'est l'âme, selon Socrate, dans le Phêdon. L'âme partout avec elle apporte la vie, l'âme est la vie, et elle exclut son contraire, qui est la (1) Dans un article de la Revue médico-chirurgicale de Paris (juillet, 1854), intitulé : De la valeur des traditions de l'école de Montpellier, M. Malgaigne relève vivement ce défaut de preuves et de critique de l'école de Montpellier au sujet d'Hippocratc : « On prétend enseigner la doctrine d'un homme, et l'on va demander sa peusée à un autre. On prend la pensée d'Hippocrate dans des livres qui ne sont pas de lui, dans des phrases qui ne sont pas dans ses livres, dans une traduction qui ne rend pas même se* phrases, •etc. » Voir aussi les Lettres de M. Peissc sur Montpellier ( t n Médecine et les Médecins, 2 vol. in-12, Paris, 1856). (t) Le Phèdre, traduction de M. Cousin,