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EN PROVINCE. 387 Du plus loin que sa voix dans les champs pût s'étendre, Le laboureur charmé s'arrêtait pour l'entendre ; Pinsons, chardonnerets Quittaient bois et prairie Pour demeurer auprès. Bref, miss Fauvette était de ces riants guérets La Malibran chérie. Messire Aliboron Qui logeait dans le voisinage, Du chantre ailé goûtait peu la chanson ; Selon lui ce n'était qu'un mauvais verbiage, D'éternels tin, tio, tix, spifiqui (1) du tapage; Son dur tympan, Charmé de ses hi, han, Trouvait que c'était là le suprême ramage. De par Midas ! dit-il à son cousin grisou, Prenant l'air d'un docteur sous son habit d'ânon, .Te veux apprendre au petit oisillon Un chant de ma fabrique ; Il saura ce que c'est que la belle musique. Et le voilà trottant pour donner sa leçon. «• Malheur est qu'il ne put le faire, Sans braire, (1) C'est ici une imitation du chant pur rossignol noté par un Italien. Voici ce chant : Tinù, tinù, linù, tinù Spè tiù, z'qua Quorror pi, pi, Tio, tio, tio, tio, tix ; Quutio, qutio, qutio, qutio ! Zquô, zquô, zquô, zquô, Zi, zi, zi, zi, zi, zi, zi Quorror tiù, z'qua, pipi qui. Ce texte original fut inséré dans les Petites-Affiches de Sentis, dès l'an- née 1767. M. Dupont de Nemours, dans ses études sur le langage des animaux, et plus particulièrement de la gent ailée, a traduit en français le texte italien que nous venons de citer. Ce bon M. Dupont de Nemours, dont Turgot disait que c'était un jeune homme qui donnerait toujours les plus belles espérances, affirme que les rossignols ont trois chansons, avant, pendant et après l;i couvaison de leur chère rossignolette. Ces trois chansons mises en vers français par M. Dupont de Nemours, furent chan- tées par l'auteur, membre de l'Institut national, devant la docte compa- gnie, en présence d'une foule de dames élégantes et de littérateurs, accou- rus pour assister à cette singulière séance académique.