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NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA. 381 Somme. Mais, avant de quitter les habitants du Quercy, il leur avait adressé une lettre d'adieu dont nous voudrions citer en entier les paroles touchantes ; nous nous bornerons a transcrire la phrase suivante, admirable résumé de toute sa conduite administrative : « Je suis convaincu, disait-il, « qu'un bon cœur peut suffire a beaucoup d'amour, et un « honnête homme à beaucoup de devoirs. » De cette époque datent les commencements de la longue intimité qui l'unit à Royer-CoUard. Il prit place 'a la Chambre sur les bancs du parti modéré, non loin de cet homme émi- nent et de M. Laîné qui l'honorait aussi de son affection. Mais le comte de Lezay, l'homme de cabinet, aux décisions habiles, aux résolutions heureuses, était toujours embar- rassé devant un public. Les années n'avaient pu le délivrer de sa timidité native. N'osant aborder la tribune, il se con- tenta d'appuyer de son vote ses amis, défenseurs comme lui de la monarchie constitutionnelle. Rôle modeste, utile alors, et le seul que lui permît la prudence. Les fonctions de député ne lui faisaient pas oublier celles de préfet. Soit à la Chambre, soit au chef-lieu du départe- ment de la Somme, il s'occupait activement des intérêts nouveaux qui lui étaient remis. Mais son administration débutait, dans Amiens, sous de malheureux auspices. Une disette affreuse affligeait à cette époque la France entière. La Picardie, si fertile et si laborieuse, n'était guère moins tourmentée par le fléau que les autres provinces. M. de Lezay s'appliqua, de concert avec les autres autorités, k créer des établissements charitables, à engager les membres du clergé, les personnes opulentes à venir en aide, dans le département, a la misère des classes pauvres. De nom- breuses ressources, habilement dirigées, réussirent a le préserver des atteintes de la famine et des désordres qu'elle entraîne.